Turquie : la livre s’effondre, Erdogan dénonce une « guerre économique »
La livre turque a connu, hier, une chute brutale alimentée par l’intensification de la crise entre Ankara et Washington, mais le président Recep Tayyip Erdogan [photo AFP] a affirmé qu’il sortirait vainqueur de cette « guerre économique ». La devise turque, qui a perdu près de la moitié de sa valeur face au billet vert depuis le début de l’année, s’échangeait à 6,4 pour un dollar à 18 h (heure de Paris), enregistrant une baisse vertigineuse de 16,4 % sur la journée. Face à cette déroute, le président turc, qui fait face à l’un de ses plus difficiles défis économiques depuis son arrivée au pouvoir en 2003, a appelé ses concitoyens à soutenir leur monnaie : « Si vous avez des dollars, des euros ou de l’or sous votre oreiller, allez dans les banques pour les échanger contre des livres turques. C’est une lutte nationale. » Cet effondrement qui pousse la Turquie vers une crise monétaire survient sur fond de fortes tensions diplomatiques entre Ankara et Washington et de défiance croissante des marchés envers l’équipe économique de Recep Tayyip Erdogan.
Trump taxe l’acier et l’aluminium turcs
L’agonie de la livre turque a atteint son paroxysme hier lorsque le président américain Donald Trump a annoncé qu’il autorisait la hausse des taxes à l’importation sur l’acier et l’aluminium turcs (désormais de respectivement 50 et 20 %). La crise turque a envoyé une onde de choc planétaire, faisant baisser les actions de plusieurs banques européennes tandis que Wall Street ouvrait en baisse, ce qui illustre la crainte d’une contagion à l’économie mondiale. La chute de la livre hier « montre que les investisseurs sont de plus en plus inquiets de l’imminence d’une crise monétaire totale », souligne dans une note David Cheetham, analyste chez XTB.