Monaco-Matin

« Encore dans l’euphorie »

Charlotte Bonnet a retrouvé Nice hier, avec ses quatre médailles gagnées aux championna­ts d’Europe à Glasgow. Avant les Mondiaux militaires puis des vacances, elle a partagé son bonheur

- PROPOS RECUEILLIS PAR CHRISTOPHE­R ROUX

Elle n’a pas sauté au plafond, couru ou crié de joie dans le Terminal 2 de l’aéroport de Nice. Charlotte Bonnet a été fidèle à elle-même. Hier, pour son retour à la maison, au lendemain de ses exploits (or sur 200 m nl, relais 4X100m nl et 4X100 m nl mixte, bronze sur 100 m nl), la nageuse de l’Olympic Nice Natation a partagé son bonheur tout en retenue, mais avec lucidité et justesse. Accueillie par ses parents, ses proches et des gamins du club, elle est revenue sur sa folle semaine. Avant de savourer en famille.

Charlotte, cet accueil doit vous toucher... Ça fait vraiment plaisir de voir ce petit comité venu m’accueillir. Revenir, revoir ses proches, ça fait chaud au coeur. Je ne pensais pas récolter autant de médailles surtout sur les relais. On avait parlé d’un potentiel mais de là à faire des médailles d’or sur deux d’entre eux, on ne s’y attendait pas du tout. Je suis super contente. On a une équipe de France qui a cartonné. Ce n’est que du positif.

Avez-vous pris le temps de réaliser ce que vous venez d’accomplir ? Je réaliserai quand j’aurai pris un peu de recul et quelques vacances. Pour l’instant, je suis encore dans l’euphorie de la compétitio­n et ça va mettre du temps à retomber. Je ne veux pas redescendr­e de ce nuage. On vous imagine fatiguée... C’est de la bonne fatigue. On a tout donné cette semaine, les émotions étaient présentes. Avec le retour au calme, on risque de tomber malade (sourire).

Pas de repos pour autant, vous allez enchaîner avec les Mondiaux militaires (elle est brigadière-chef dans la gendarmeri­e) ? C’est le job aussi. Je vais avoir une petite semaine de répit quand même avant de repartir. Pour me relaxer. Je vais profiter de ma famille qui m’a attendu et n’a pas pu venir me voir à Glasgow. Avez-vous senti le soutien des Niçois et des Français ? Oui, beaucoup. Je suis assez active sur les réseaux sociaux et j’ai pu voir qu’il y avait beaucoup d’engouement. Les Niçois étaient un peu chauvins, contents que je réussisse. Je les remercie. On lit ce qui se passe sur les réseaux sociaux, dans la presse, on ne répond pas toujours mais on est attentif et on apprécie tout ça. Je pense que ça fait du bien à mon entourage de voir le public et la presse derrière moi. C’est pour ça aussi que je suis contente de rentrer.

Vous êtes un exemple pour les gamins de l’ONN. Est-ce une fierté ? C’est cool. Je les croise parfois sur des compétitio­ns, ils me demandent des autographe­s, des photos. Maintenant, ce n’est pas quelque chose qui me préoccupe. Je fais mon petit bout de chemin mais c’est toujours agréable d’avoir des à côtés comme ça.

Ces jeunes espèrent désormais vous voir briller aux Mondiaux... C’est l’objectif mais on vient de terminer les Europe. Je sais qu’on en veut et qu’on en demande toujours plus, mais tranquille. Je viens à peine de rentrer. Je veux profiter avant de parler des Mondiaux. J’ai grandi en âge et grâce à l’expérience de toutes mes courses. Le travail que j’ai fait avec ma psy m’a aussi beaucoup servi. On a bossé sur les plans sportif et personnel. Ça a été beaucoup de changement­s. On peut parler de maturité, c’est sûr. A  ans, j’étais sur un podium olympique. Après, j’ai mis du temps à m’exprimer individuel­lement. Ça a été long mais ça en valait la peine aujourd’hui.

Vous avez expliqué ne pas vouloir changer votre personnali­té... Je ne veux pas changer ma façon d’être. J’ai toujours été un peu réservée. Ce n’est pas facile de me mettre en avant. Je suis contente que les gens viennent mais je ne suis pas habituée à ce genre de choses. J’ai toujours envie de pouvoir marcher dans la rue, aller au restaurant tranquille en famille et sans être embêtée. Je le serai un peu forcément, c’est la rançon de la gloire, mais ce ne sera pas dérangeant. Je ne prends que le côté positif des choses.

Votre devrez aussi vous protéger avec votre compagnon (Jérémy

Desplanche­s, également son partenaire d’entraîneme­nt à Nice, sacré sur  m  nages pour la Suisse à Glasgow) Ça ne va pas être facile. On a été mis en avant, on a gagné le même jour. Forcément, c’était difficile de contrer les médias mais j’essaie de ne pas trop y penser. On va partir en vacances et j’espère qu’il n’y aura pas trop de paparazzis qui nous suivront (sourire).

On ne cesse de vous comparer à Camille Muffat, de vous présenter comme sa successeus­e. N’avez-vous pas envie de dire que vous écrivez votre histoire ? J’ai envie de le dire. Il y a eu Camille, on a tous été très très fiers de ce qu’elle a fait. On l’est encore et on ne l’oubliera jamais. Moi la première. Mais ce que je suis en train de réaliser est déjà différent. Ce sont des championna­ts d’Europe, pas des Jeux et il ne faut pas s’enflammer. On est deux personnes différente­s. Je suis mon propre chemin et c’est bien de ne pas comparer les individual­ités.

La succession de Camille (Muffat) ? Je suis mon propre chemin. ”

 ?? (Photo Margaux Magnan) ?? La Niçoise apprécie d’être un exemple pour les jeunes de l’ONN. Fabrice (Pellerin, son coach), a expliqué que vos résultats étaient dus à un gain de maturité dans votre vie de femme. Vous le ressentez aussi ?
(Photo Margaux Magnan) La Niçoise apprécie d’être un exemple pour les jeunes de l’ONN. Fabrice (Pellerin, son coach), a expliqué que vos résultats étaient dus à un gain de maturité dans votre vie de femme. Vous le ressentez aussi ?

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