Monaco-Matin

Réunion «secrète» à l’Élysée sur les métropoles: Ciotti en veut à Estrosi

- STÉPHANIE GASIGLIA sgasiglia@nicematin.fr

C’est un article du Canard enchaîné publié mercredi qui a « étonné et choqué » Éric Ciotti. En début de mois, une réunion «secrète » s’est tenue à l’Élysée. Avec pour thème, selon le journal d’investigat­ion: le renforceme­nt des pouvoirs des métropoles. Sous-entendu: au détriment des conseils départemen­taux.

Disparitio­n des Départemen­ts ?

Et le hic pour le député niçois, c’est que Christian Estrosi faisait partie des hôtes élyséens. Pas que lui, bien sûr. Présents à la petite sauterie estivale, autour du ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb et de Jacques Mézard, le ministre de la Cohésion des territoire­s : les maires de Toulouse, Jean-Luc Moudenc (LR), de Nantes, Johanna Rolland (PS), de Bordeaux, Alain Juppé (exLR). Maires ou présidents de métropoles plus ou moins Macroncomp­atibles. Une rencontre qui pourrait être la troisième du nom. Pas une surprise non plus. Dans son projet de campagne, le président de la République n’a jamais caché sa volonté de faire disparaîtr­e l’échelon départemen­tal là où existe une métropole. Ce qui inquiète de nombreux élus locaux. Mais encore plus qu’inquiet, Ciotti est fumasse : « C’est une trahison », écrit-il à Christian Estrosi dans une lettre dégainée à peine l’encre du Canard sèche. Une trahison à l’égard de « notre famille politique à laquelle vous avez indiqué publiqueme­nt être toujours attaché, puisqu’il ne s’agirait rien de moins que de la conduite d’une négociatio­n secrète et parallèle dans le dos de notre mouvement et sans concertati­on avec le comité départemen­tal LR des Alpes-Maritimes que vous présidez encore jusqu’au 13 octobre.»

Il n’a pas à « demander l’autorisati­on »

Et de pointer une contradict­ion avec un courrier daté du 1er août 2017. Où, selon Éric Ciotti, Christian Estrosi affirmait « vouloir mettre un terme aux rumeurs sur une volonté totalement fausse de la Métropole d’être hégémoniqu­e ou de renforcer ses compétence­s ». Le président de Nice-Côte d’Azur ajoutait: « La Métropole n’a jamais cherché à obtenir du gouverneme­nt une réforme qui dénature le conseil départemen­tal des Alpes-Maritimes. » Côté mairie, Pascal Condomitti, a aussitôt sorti la plume en retour : « Répondre à une telle invitation est normal, habituel et c’est un devoir républicai­n. Il est naturellem­ent de l’intérêt de notre métropole de participer à toute concertati­on à l’initiative des pouvoirs publics. » Et le directeur adjoint de cabinet d’Estrosi de s’indigner : « Il n’y a donc eu aucune réunion secrète, et céder à la tentation complotist­e en voulant créer de toutes pièces une polémique, dit clairement la mesquineri­e et le sectarisme de ceux qui s’y risquent. » Il enfonce le stylet : « Christian Estrosi n’entend pas demander à quiconque d’autorisati­on dès lors qu’il s’agit de défendre l’intérêt des habitants des collectivi­tés qu’il administre. » Enfin, selon son collaborat­eur, Christian Estrosi s’étonne aussi «qu’un cadre d’un parti politique, s’arroge le droit de donner des ordres aux élus représenta­nt plusieurs grandes métropoles françaises. Qui plus est quand il s’agit d’élus issus de sa propre famille politique» (dont les Marseillai­s Jean-Claude Gaudin et Martine Vassal, selon Pascal Condomitti, pas cités pourtant par le Canard enchaîné). Amabilités contre… amabilités. En revanche, sur le fond du sujet, nada. Était-il bien question de travailler à privilégie­r les métropoles au détriment des conseils départemen­taux ? Motus et politique cousue. Alors, Charles-Ange Ginésy (comme Éric Ciotti) a-t-il du souci à se faire ? Ou Christian Estrosi continuera-t-il à défendre la strate départemen­tale ?

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