Monaco-Matin

À Castagnier­s ou Saint-Blaise, l’accueil de demandeurs d’asile

Partout dans le départemen­t, JRS Welcome s’appuie sur des particulie­rs prêts à accueillir des migrants pendant le traitement de leur dossier. L’associatio­n a du mal à trouver des volontaire­s

- ANTOINE LOUCHEZ alouchez@nicematin.fr

Quand il a dû fuir son Nigeria natal, poursuivi par un gang qui le rançonnait, James était loin de se douter qu’il atterrirai­t chez une famille de Saint-Blaise, puis hébergé chez les soeurs de Castagnier­s. « Monika et Jean-Pierre ont pris soin de moi comme un père et une mère », souffle timidement, en anglais, le gaillard de 34 ans. S’il a trouvé le gîte dans l’arrière-pays niçois, c’est grâce au réseau JRS Welcome (Jesuite refugee service), qui s’occupe depuis novembre 2015 de trouver un hébergemen­t à des demandeurs d’asile. « Le principe, c’est l’accueil, stipule Claude Seguin, responsabl­e de ce programme national pour les AlpesMarit­imes. On cherche des familles, des particulie­rs et des congrégati­ons religieuse­s pour offrir l’hospitalit­é à quelqu’un qui a déposé une demande d’asile à la préfecture de Nice. »

Manquement­s de l’Etat

Rien d’illégal, bien au contraire. «L’État doit héberger tout demandeur d’asile, c’est la loi, rappelle Claude Seguin. Mais il n’y a pas assez de place. Résultat, ils sont beaucoup à se retrouver à encombrer le 115 ou à la rue». C’est d’ailleurs ce qui est arrivé à James, qui a dormi sur le parvis d’une église de Nice pendant sept mois, avant d’être mis en relation avec les bénévoles. Le traitement de la demande d’asile pouvant être très long – «on a des gens pour qui cela fait deux ans et demi », JRS a pour objectif avant tout de « leur permettre de poser leur valise », sur une période de six à huit mois. Après avoir choisi un bénéficiai­re, ils prospecten­t dans leurs réseaux de paroissien­s et comptent sur le bouche à oreille. Le but : trouver dans un même secteur plusieurs foyers prêts à s’engager pour quatre à six semaines d’accueil. Histoire que le geste ne soit pas trop lourd et que le demandeur d’asile « garde des repères ». C’est ainsi que depuis février, James s’est retrouvé à l’abbaye de Castagnier­s, puis chez un particulie­r à Tourrette-Levens ou encore chez JeanPierre et Monika Augier. Le couple de Saint-Blaise a franchi le pas après avoir assisté à une présentati­on de l’associatio­n. « On est très actifs, dans notre paroisse et c’est quelque chose qui allait avec notre bénévolat, justifie Monika. Ona une grande maison, les enfants sont partis… »

« Les gens ont peur »

JRS octroie un tuteur au demandeur d’asile, qui l’accompagne dans ces démarches. Une responsabi­lité de moins pour les hôtes. Par ailleurs, le tout est encadré par une convention. Problème : la demande est là, mais le réseau a du mal à trouver des familles d’accueil dans le départemen­t, ou même des logements, comme il peut arriver à certains propriétai­res de les prêter. Monika a bien essayé de passer le mot, mais elle a été « déçue » : « On a essayé de le présenter à la paroisse, de parler de lui. On était sûr que, par l’exemple, on donnerait envie. Mais je suis effarée de voir à quel point les gens ont peur. C’est clair que la première fois, il y a une crainte : il y a un inconnu chez vous. Mais c’est quoi d’héberger quelqu’un quatre ou six semaines ? » De son côté, James reste positif, malgré son avenir incertain : « Je prie toujours Dieu pour que des bonnes choses arrivent.»

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(Photo A.L.) James, un Nigerian de  ans est actuelleme­nt hébergé à l’abbaye de Castagnier­s, grâce à l’associatio­n.

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