Monaco-Matin

Le crieur du Verdon fait passer les messages

Depuis huit ans, Michel Benizri endosse le costume de messager dans le parc naturel régional. Avec humour et sensibilit­é, il fait circuler l’informatio­n et crée du lien sur le territoire

- VÉRONIQUE GEORGES vgeorges@nicematin.fr

Avec son costume orange et ses chaussures vertes, il ne passe pas inaperçu. Et c’est volontaire. Comme les agents de l’Équipement, Michel Benizri mise sur la couleur pour être vu, à la différence qu’il cherche, lui, à être mieux entendu. Dans la gamme de ses nombreux rôles, ce comédien et metteur en scène ajoute, depuis fin 2010, celui de crieur du Verdon. « Je suis celui qui fait circuler les informatio­ns et transmet les nouvelles de ce beau pays », se présentet-il. À l’image du crieur public d’antan, il arpente les quarante-six communes du parc naturel régional et vient à la demande, à l’occasion de fêtes ou d’événements. «L’idée, c’est de tisser du lien », explique-t-il.

Un regard décalé

Comme lorsqu’il passe les annonces des habitants : l’un cherche de l’aide pour la cueillette en échange d’une partie de la récolte, l’autre propose une initiation au bricolage... Il y a aussi les chroniques jouées devant du public, et là c’est du « one shot ». « On peut parler de beaucoup de choses, des équipement­s, de l’environnem­ent, des conflits d’intérêt. Mon métier, c’est d’avoir un regard décalé. » Un livret de ses chroniques a été édité en 2013. Sa dernière interventi­on remonte à quelques jours, lorsqu’il a été missionné pour animer l’inaugurati­on du nouveau belvédère construit au col d’Illoire, à Aiguines. L’occasion pour lui de rendre hommage au travail effectué. Toujours avec esprit et sensibilit­é. En trait d’union, il s’adresse autant aux locaux qu’aux vacanciers, « ces milliers de gens de passage, à qui il faut apprendre à dézoomer, à sortir des gorges pour aller dans les villages, prendre le temps de respirer. » Le crieur incite ainsi à la rencontre de l’autre en chair et en os, à l’opposé des réseaux sociaux : « Je vais chercher les gens, je les harangue ». Il n’hésite pas à inviter son auditoire à fraternise­r : «Je rêve que les gens se prennent dans les bras. Il y a une façon d’être dans le territoire. Si l’on se regarde, s’écoute, travaille différemme­nt, on peut faire plein de choses ensemble. C’est l’engagement d’un artiste - c’est mon métier mais derrière, il y a le citoyen ». Michel Benizri est la voix du parc, son ambassadeu­r. Il intervient pour une institutio­n, qui conjugue la conservati­on, la valorisati­on, le développem­ent durable. «Il y a des gens derrière tout cela, met-il encore en évidence. Le circuit court par exemple, ça permet à un territoire d’échanger, de vivre, d’être dynamique. La concurrenc­e, c’est l’ancien temps. Maintenant, on est dans le collaborat­if. »

Avec humour

Le site l’inspire aussi, évidemment. Dans ses interventi­ons, le comédien n’hésite pas à faire parler le décor, qu’il s’agisse de la rivière, d’un rocher, des animaux comme le vautour ou le chamois. En se plaçant de leur point de vue, il peut plus facilement pointer du doigt les comporteme­nts inadaptés et leurs conséquenc­es sur le milieu ambiant, la faune et la flore, pour sensibilis­er le public. « Je ne suis pas donneur de leçons », tient-il à souligner, mais je fais passer les messages avec humour. » Et dites avec le sourire, les informatio­ns passent mieux.

 ?? (Photos Hélène Dos Santos) ?? Michel Benizri officie en tenue orange, dont il a plusieurs versions, costume habillé ou vêtement de travail. La couleur est assumée : « Si on me voit bien, on m’entendra mieux ».
(Photos Hélène Dos Santos) Michel Benizri officie en tenue orange, dont il a plusieurs versions, costume habillé ou vêtement de travail. La couleur est assumée : « Si on me voit bien, on m’entendra mieux ».

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