GÊNES SOUS LE CHOC
Au moins 22 personnes sont mortes et 16 blessées dans l’effondrement du pont « Morandi », hier matin à Gênes
Un viaduc autoroutier s’est subitement effondré hier à l’entrée de Gênes. Le bilan humain est très lourd. L’Italie est partagée entre le deuil et la colère. Le reportage de nos envoyés spéciaux.
L’horreur, à nouveau. Une semaine à peine après l’explosion d’un camionciterne sur l’A14 à Bologne (1), les autoroutes italiennes ont une fois de plus – une fois de trop – été hier le théâtre d’une catastrophe qui laisse le pays en état de choc. Au moins 22 personnes sont mortes et 16 autres blessées, dont 9 grièvement, selon le dernier bilan officiel hier soir (2), lorsque le viaduc de l’A10 enjambant le fleuve Polcevera, à Gênes, s’est brutalement effondré, précipitant une trentaine de voitures et trois poids lourds dans le vide, d’une hauteur de 45 mètres.
Le pire accident de ce type depuis
«C’est une catastrophe qui a frappé Gênes et toute l’Italie. Un drame effrayant et absurde s’est abattu sur des personnes et des familles», a déclaré le président de la République, Sergio Mattarella. Le ministre des Transports et des Infrastructures, Danilo Toninelli, a lui évoqué « une immense tragédie ». Il s’agirait du plus meurtrier accident de ce type en Europe depuis 2001. À la tombée de la nuit, dans un amas impressionnant de tôles et de béton, des centaines de secouristes fouillaient encore les décombres du viaduc, avec l’aide de chiens, à la recherche de survivants. « L’espoir ne cesse jamais, nous avons déjà sauvé une dizaine de personnes sous les décombres, on va travailler 24 heures sur 24» ,aassuré un responsable des pompiers, Emanuele Giffi. Le drame s’est déroulé vers 11 h 50, sous une pluie battante. Dans un énorme grondement, qui a fait craindre aux riverains un tremblement de terre, le pont dit Morandi, du nom de son concepteur, s’est effondré sur 280 mètres. Si les causes de l’accident restaient indéterminées hier soir, il pourrait s’agir d’un éclair ayant frappé un pilier du pont déjà fragilisé (lire en pages suivantes).
« J’ai vu la route disparaître »
De l’une de ces voitures, Davide Capello, 36 ans, lui-même pompier, s’en est sorti sans une égratignure. « D’abord j’ai entendu un bruit, puis tout s’est écroulé», a-t-il raconté, encore sous le choc. « J’ai vu la route disparaître, ça a été une énorme frayeur. Je ne sais pas comment ma voiture n’a pas été écrasée. » Selon des experts, le pont « Morandi », long de 1,18 km, est un ouvrage en béton de la fin des années 1960 qui a connu des problèmes structurels dès sa construction et faisait l’objet d’un coûteux entretien lié en particulier aux fissures et à la dégradation du béton (lire en pages suivantes). «Les premières indications sembleraient indiquer que la maintenance avait été faite», a déclaré le ministre des Transports et des Infrastructures, Danilo Toninelli, qui a estimé que « ces tragédies ne peuvent pas arriver dans un pays civilisé comme l’Italie. La maintenance est prioritaire sur toute autre chose et les responsables devront payer. » 1. Nos éditions du 7 août. 2. Un peu plus tôt, le ministre de l’Intérieur, Matteo Salvini, avait évoqué « une trentaine de morts confirmés ».