Fin août 68: Sea, Stern & Sun (et quelques malveillances)
De quoi parlait-on au pied du Campanin ? Nice-Matin vous propose de découvrir l’actualité d’il y a 50 ans
Tous les quinze jours, plongez dans les archives de Nice-Matin. Au fil des pages jaunies par le temps, c’est un pan de l’histoire qui refait surface dans la mémoire collective. Il était une fois… Il y a ans.
17 Sous les galets, la plage
À Menton, ce jour-là, on frise l’apoplexie. Enfin, une plage digne de ce nom voit le jour entre le Bastion et le Borrigo ! Alors que «depuis fort longtemps n’existaient plus la moindre cabine et le moindre aménagement nautique ». Les Mentonnais l’ont demandé, André Pechoux l’a fait – grâce à une autorisation obtenue auprès de la municipalité, cela va sans dire. Terrasses, parasols « aux couleurs éclatantes » – que l’impression noir et blanc nous force à imaginer – matelas et tables ont ainsi investi les lieux derechef. Sans doute ému par sa réussite, le responsable s’était même vu pousser des ailes, pensant qu’il pourrait faire de sa plage un paradis ensablé. Las, «les galets ont reconquis leur domaine ».
21 Le violoniste Isaac Stern éblouit sous les étoiles
Les qualificatifs manqueraient presque tant le concert du violoniste star Isaac Stern (accompagné de Jean-Pierre Rampal) a séduit les spectateurs du Festival de musique de Menton. Pour la qualité de la musique, bien évidemment. Mais aussi pour la générosité des deux artistes « Ils ont été appréciés pour leur gentillesse, leur décontraction (...). Ils ont compris que la musique de chambre, c’est du talent, beaucoup de travail, mais, surtout, de l’amitié et le goût de construire quelque chose de beau en commun. » On serait tentés d’ajouter qu’un mot correspond à cette définition : l’harmonie.
25 Qui a volé, a volé… ?
Sacristie ! Enfin… sapristi ! Dans la vallée de la Roya, on s’émeut d’un nouveau vol perpétré dans un édifice religieux. Après la chapelle Notre-Dame-desFontaines, coutumière en la matière, c’est l’église de Saorge qui en fait les frais. Alors que la fête de la Saint-Roch est dans les tuyaux, manquent à l’appel des tapis d’autel et quelques chandeliers. Si le coupable est retrouvé, nul doute qu’il subira une sacrée punition.
27 Effectifs en baisse
Menton se lamente de ne pas avoir obtenu les renforts de police attendus en été. « L’insuffisance d’effectifs compromet l’organisation de la circulation et la lutte contre le bruit », proteste le conseil municipal. À qui le préfet répond que «le plan de renforcement saisonnier ne peut être mis en place dans les conditions actuelles. Les Compagnies républicaines de sécurité (CRS) ne sont pas actuellement en mesure d’accorder pour 1968 les forces précédentes ». Le vent de Mai-68 soufflerait-il encore ?
30 Fin de course
Comment une infraction au code de la route peut ruiner votre carrière de malfrat. C’est parce qu’ils s’étaient garés illégalement près du restaurant « Les Flots bleus » à Èze (non, pas le camping, on vous voit venir…) que deux hommes ont vu leur avenir dans la pègre balayé. En raison de ce tort, deux motards du peloton motocycliste de Nice remarquent en effet leur véhicule. Voyant ce qu’ils pensent être un colt, ils interceptent les deux occupants. Et s’il ne s’agit, au final, que d’une arme de stand de tir, un examen plus poussé de l’habitacle conduit à la découverte d’une pléthore d’objets n’appartenant clairement pas aux lascars. L’enquête menée par la brigade de recherche de Menton permet rapidement de leur imputer toute une série de méfaits – des vols dans des voitures et des villas, essentiellement – commis entre le 11 et le 26 août, avec deux complices. On compte au sein de l’équipée sauvage : deux promoteurs de vente, un vendeur de fruits et légumes et une employée d’usine, niçoise, rencontrée en boîte de nuit. Pour chacun, le bal est désormais terminé.
31 Mauvaise rencontre
Voici un épisode qui ne pourrait
plus avoir lieu avec l’avènement de l’euro. « Mercredi, Mario M., agent immobilier à San Remo, rencontrait un individu dans un bar de la ville. Au cours de la conversation, il lui fit part de son intention de changer de l’argent français en lires. Cette opération étant interdite aux Italiens en France, l’inconnu se proposa pour servir d’intermédiaire, et rendezvous fut pris pour le lendemain matin. » Les deux hommes se retrouvent à 10 h, opèrent le changement, avant de se diriger vers la place Saint-Roch. Mais voilà que l’Italien est entraîné vers une porte cochère, où son ex-compagnon de beuverie et des complices le frappent. Puis récupèrent les 8 000 francs qu’il avait sur lui. « Magnanimes, les malfaiteurs lui proposèrent un billet de 10 F pour qu’il puisse rentrer chez lui. Comme il objectait que la somme était insuffisante, ils remplacèrent la petite coupure par un billet de 100 F.» Des bandits au grand coeur…
Les archives municipales de Menton. 2, rue Saint-Charles. Ouvert du mardi au vendredi de 9h à 12h et 14h à 17h. Tél. 04.92.10.50.28.