LEUR VIE SOUS LE VIADUC À MENTON
Les habitants du Haut Careï vivent depuis un demisiècle à l’ombre de l’un des plus gros ponts de l’A8. Ils racontent leur vie et leurs inquiétudes depuis le drame de Gênes.
Depuis hier, je me sens moins rassurée.» C’est l’aveu publié sur Facebook par une jeune habitante de la résidence des Oliviers, au lendemain de la catastrophe de Gênes. Les mots sont accompagnés d’une photo du viaduc du Careï. Le pont de l’A8 surplombe son balcon. «Je la comprends, elle habite vraiment en dessous, commente une amie un peu plus loin. Pour nous, c’est différent, on est plus écartés. Mais quand j’ai vu les photos, j’ai tout de suite pensé à ce viaduc.»
Des avis partagés
Les images de la catastrophe italienne de mardi dernier sont gravées dans la mémoire de certains riverains du quartier, qui vivent sous cet immense pont à poutres. «On connaît bien le trajet. Chaque été on passe par là» ,témoigne une femme en traversant la rivière du Careï, qui donne son nom au viaduc. Sa fenêtre donne sur les piliers en béton. «Ce qui s’est passé n’est pas très rassurant pour qui habite sous un pont construit il y a plus de 50 ans… » Son fils n’est pas d’accord. Pour lui, la paranoïa n’est pas justifiée. «La situation de Gênes n’a rien à voir avec nous. C’est un autre État, une autre gestion. Et la structure est différente! Il ne faut pas s’alarmer quand il n’y a pas de raison de le faire. Ce pont est régulièrement contrôlé. On voit les techniciens travailler la nuit!» Ce que confirme la mairie de Menton, qui se veut rassurante (lire ci-dessous).
« Bruit et pollution »
Ce viaduc autoroutier, d’une longueur de 500 mètres, est
l’un des plus hauts du département. Il fait partie du paysage depuis les années 1970, comme la plupart des ouvrages azuréens. Si un riverain rencontré a même «oublié qu’il existait», d’autres se disent préoccupés ou gênés par cette encombrante présence. Pour Claire, « le bruit et la pollution m’embêtent, pas le risque d’effondrement », auquel elle n’avait jamais pensé. «Nous avons d’autres préoccupations et d’autres priorités liées au viaduc», tranche la jeune Mentonnaise. La priorité, pour un ancien douanier mentonnais à la retraite, c’est de vérifier les travaux du début à la fin. «Ces questions, il faut les poser avant, pendant la construction des infrastructures. Pas après. On espère que tout est en règle. C’est vrai qu’ici, ils font constamment des travaux, en dessus et en dessous.» En effet, à l’ombre du viaduc, il n’y a pas que des résidences déjà construites. Il y en a aussi en construction. Des ouvriers travaillent dans un gros chantier. 75 nouveaux appartements vont bientôt surgir sous le viaduc du Careï. «Ici, on est habitués, au viaduc comme aux travaux», résume un passant.