Quand Aretha Franklin chantait sur la Côte d’Azur
La légende de la musique américaine s’est éteinte hier matin, chez elle à Détroit, après avoir lutté contre un cancer du pancréas pendant dix ans. La « diva de la soul » et artiste engagée avait 76 ans
Think, Respect, I Say A Little Prayer... Le parcours musical d’Aretha Franklin a été marqué par moult tubes intemporels. Après plus de soixante ans de carrière, elle fait partie de ces artistes qui ont laissé une trace indélébile dans l’histoire de la musique. Depuis dix ans, la reine de la soul luttait contre un cancer du pancréas. Sa dernière apparition publique remonte au 2 novembre 2017, date à laquelle elle s’était produite pour la fondation contre le Sida d’Elton John, à New York. Depuis une semaine, elle recevait des soins palliatifs, chez elle, à Détroit. Sa famille se dit « très touchée par l’incroyable effusion d’amour et de soutien » qui a suivi l’annonce, lundi dernier, de la dégradation de son état de santé.
Un talent qui vient de loin
Née en 1942 à Memphis, elle est la fille d’un révérend et fait ses débuts musicaux au sein d’une chorale gospel. C’est de ces racines spirituelles qu’émerge « la plus grande voix de tous les temps » selon le magazine Rolling Stones, en 2010. Pour Frédéric Luzignant, professeur d’histoire du rock au conservatoire de Nice « elle était capable de tout chanter ». Ce qui a donné lieu a des collaborations des plus éclectiques, notamment avec The Rolling Stones ou encore George Michael. «En tant que chanteuse soul ça “groove”, elle enflamme la scène. Mais lorsqu’elle chante (You Make Me Feel Like) A Natural Woman, on comprend tout de suite la profondeur de sa voix poignante [une voix à quatre octaves ndlr]. » « Quand mes élèves écoutent Aretha Franklin, force est de constater qu’il y a déjà tout en elle : sensualité, soul, une spiritualité qui lui vient du gospel, le tout avec des prouesses vocales très avancées comme en témoignent des titres comme Think. » La diva aux 18 Emmy Awards était une figure emblématique de la communauté noire. Son titre phare Respect, repris à Otis Redding, demeure un symbole de la lutte contre la ségrégation et pour le combat pour les droits civiques qui traverse les États-Unis durant les années 1960.
Les droits civiques et le féminisme pour lutte
L’artiste était aussi un grand symbole féministe. Elle se réapproprie cette chanson pour dénoncer les inégalités femmes-hommes. « Elle fait partie de ces artistes, comme Ray Charles ou Nina Simone, qui viennent d’un genre musical de niche, mais qui par leur talent transcendent tout, sortent des cadres et touchent un public plus large. Le public blanc de l’époque était alors face à l’évidence d’une culture afroaméricaine talentueuse », relève Frédéric Luzignant. De nombreuses personnalités, pleurent la mort de cette grande chanteuse. Dans un tweet, Barack Obama déclare que « Par sa voix, on sentait notre Histoire, dans toute son ampleur et ses nuances.»