Monaco-Matin

Une vie sous le viaduc

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Depuis une cinquantai­ne d’années, quand Adrienne et Robert se réveillent et ouvrent leurs volets, le ciel est coupé en deux par une ligne noire. Et un pilier en béton est planté en plein milieu du potager. Le bruit régulier des moteurs rentre dans la maison sans même frapper à la porte. «Il faut dire aux passagers d’arrêter de fumer. Dans notre jardin, on trouve beaucoup de mégots. Et chez nous, il n’y a pas de fumeurs, raconte Adrienne. Heureuseme­nt qu’ils ont installé des grilles là-haut. Il y a quelques années, le capot d’une voiture est tombé dans le jardin. Il aurait pu nous tuer ! On avait des bouteilles, des objets, de la nourriture… tout pleuvait sur nous. » Habiter sous l’A8, ce n’est pas évident. La liste des désagrémen­ts est longue.

« Nous avons construit une petite piscine pour notre fils, mais en milieu de matinée elle est souvent à l’ombre… » , raconte cette mère de deux enfants. Adrienne et son mari ne se lassent pas pour autant. « Plusieurs fois, on nous a suggéré de partir. Mais cette maison compte beaucoup pour nous. C’est la maison de mes arrière-grandspare­nts. Ces terrains nous appartienn­ent depuis plus de cent ans, on habitait ici avant le viaduc et c’était un petit paradis, avec un grand jardin fleuri. » Dès lors, la famille lutte pour garder le même style de vie. Sous le viaduc, Robert cultive des tomates et des courgettes. Il prend soin du poulailler, comme des tortues et des lapins. Il entretient son garage. Ici, le rose des murs et le bleu des volets contrasten­t avec le gris du béton du viaduc. « Quand j’ai vu les images de Gênes, je me suis dit : il faut partir. Maintenant on se pose la question. Est-ce qu’on est en sécurité ? Mais en y repensant, on en a assez vu. Nous ne quitterons pas cette maison. »

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(Photo A.P.) « Nous ne quitterons pas cette maison. »

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