Une grève éclair et constructive au Café de Paris
La légendaire brasserie de la place du Casino n’a pas ouvert hier matin. Une cinquantaine d’employés étaient en grève, estimant que la nouvelle offre a détérioré leurs conditions de travail
On peut prendre un café?», «Non Madame, c’est fermé. C’est la grève.» «La quoi?» Stupéfaction des visiteurs assoiffés, hier matin, alors qu’ils tentaient de s’installer sur la terrasse du Café de Paris. Dès 7 h 30, les salariés de l’établissement, qui appartient à la Société des bains de mer, étaient en grève. Les clients qui voulaient s’attabler se heurtaient aux barrières. L’établissement était fermé. En cause, un changement de formule arrivé avec le chef Paolo Sari, pour les 150 ans de ce lieu mythique de la Principauté. Une orientation plus « cuisine méditerranéenne », avec des pizzas et des pâtes. Un changement qui ne passe pas.
Carte inadaptée
D’après les délégués syndicaux, les cuisines et la configuration du personnel ne permettent pas de fournir les plats demandés dans des délais satisfaisants. « Les clients ouvrent la carte, ils la referment et ils s’en vont. Pour ceux qui restent, on ne peut pas faire des pâtes minute pour tout le monde en même temps. Du coup, il y a forcément de l’attente. Les clients sont mécontents. Moi, je me suis déjà fait insulter ! » explique l’un d’eux. Philippe est limonadier et délégué syndical : « La clientèle de passage ne reste pas parce qu’ils ont enlevé des plats phares de la brasserie comme les escargots ou les hamburgers. Et la clientèle d’affaires ne revient plus parce que c’est trop long, car la carte n’est plus adaptée à nos cuisines. » Les grévistes dénonçaient des conditions de travail intenables, des dépressions en cuisine et un manque d’effectifs pour remplir la mission de cette nouvelle carte. Et puis, ils craignent pour l’avenir. Pour la fin du mois, parce qu’ils sont associés aux résultats de l’établissement. Et pour le moyen terme : « On nous avait promis du +6 % d’activité. Là, si on n’a que -6 %, ce sera déjà bien. Et si ça continue, qui nous dit qu’on ne va pas vers un plan social ? » Le directeur des ressources humaines de la SBM, JeanFrançois Mariotte, était sur place très tôt. Il est venu à la rencontre des salariés, visiblement plein de bonne volonté, et s’est excusé pour des mots qu’il avait eus la veille. Tout au long de la matinée, les réunions se sont succédé avec la direction de l’établissement. Le mouvement s’est achevé en début d’après-midi, après que la direction a accédé aux demandes des salariés, en fournissant une
garantie écrite, d’après une source syndicale : plus de personnel, une carte plus adaptée et une amélioration des installations en cuisine. De son côté, Jean-François Mariotte, s’est dit très satisfait de l’issue : «Comme tout nouveau projet, des ajustements sont nécessaires. Je suis ravi du processus de discussion, et que ce projet ait finalement rencontré l’adhésion des syndicats.»