Sospel: un an ferme à l’incendiaire vindicatif
En juillet, six véhicules ont été détruits en deux jours dans le village. Pour cette colère incontrôlable, le jeune pyromane a été condamné hier en correctionnelle. Il reste en prison
Les 25 et 26 juillet derniers, il avait brûlé les deux voitures d’un plombier de Sospel avec qui il était en conflit. Il avait ensuite foncé avec sa voiture sur Valérie, la fille de l’artisan qui promenait son fils de 3 ans. À chaque incendie, les flammes avaient provoqué des dommages collatéraux. Quatre autres voitures en stationnement place des Platanes et parking Maulandi avaient été détruites. Thomas Galles, magasinier de 24 ans, interpellé par les gendarmes de Menton, a été condamné hier soir par le tribunal correctionnel de Nice à dix-huit mois de prison dont six mois avec sursis. La sanction est assortie de deux ans de mise à l’épreuve. Une peine conforme aux réquisitions du procureur Clotilde Ledru-Tinseau. L’incendiaire devra indemniser ses victimes (plus de 13 000 euros), devra travailler à la sortie de détention et n’a plus le droit de paraître à Sospel. Il a été maintenu en détention.
Conflit de village
La présidente du tribunal, Catherine Bonnici, a pris le soin d’expliciter le jugement : « Les faits sont très graves, répétés et échelonnés dans le temps. Vous étiez sous le coup d’un sursis
avec une mise à l’épreuve, un premier avertissement de la justice. C’est une peine facilement aménageable puisque vous avez un projet professionnel en dehors de la région. » Les incendies volontaires qu’on lui reprochait étaient le point d’orgue d’un conflit de village qui, par le comportement des uns et des autres, a dégénéré. «Il y a un décalage entre le différend
de janvier 2018 où vous êtes accusé d’avoir volé une voiture à cette famille, et votre acharnement », a observé la présidente Catherine Bonnici à l’ouverture des débats. Le jeune homme, relaxé pour le vol dont il était accusé, n’a pas admis d’être régulièrement traité de « petit voleur ». D’autant que Patrick, le plombier, s’en était ouvert à l’employeur
du jeune homme. Thomas Galles ajoute avoir reçu des menaces, dénonce l’agressivité de cette famille : « Aucune main courante, aucune plainte», constate la présidente.
«Jeles indemniserai »
« C’est un acte désespéré que je regrette aujourd’hui, explique le prévenu. J’ai eu peur de tout perdre. J’étais
dans un état de colère, de rage, je n’étais plus maître de moi-même. » Le prévenu poursuit son acte de contrition public : « Je présente mes excuses. Je les indemniserai jusqu’au dernier centime. » Valérie, la fille du plombier, admet qu’elle a donné des coups de poing dans la Fiat Punto pour répondre aux menaces de Thomas Galles. « C’est un ami de mon frère qu’on a hébergé, qu’on a nourri. Il y a eu beaucoup d’altercations avec mon frère. Moi je l’ignorais. Jusqu’à présent, c’était des menaces en l’air. » Sur la place de la mairie, elle a été heurtée par le pare-chocs de la voiture de Thomas Galles. Valérie poursuit son récit : « Ma soeur m’a dit : regarde, il est là, il n’a pas le permis mais il continue de conduire. Il nous insultait. On a fait mine de le filmer. » Lors de sa garde à vue, le suspect n’a pas reconnu les faits. Au contraire, il avait sollicité une amie pour un faux témoignage.
« En pleine crise de nerf »
L’accusation ne croit pas, au regard des faits, à « un débordement pulsionnel incontrôlable ». Le procureur s’attarde sur « des actes préparatoires ». Me Loïc Giauffret, l’avocat du prévenu, le décrit comme « une personne fragile », « pas le voyou du village ». Et rappelle que tout a dégénéré « à partir d’une accusation ». « Ça n’excuse pas, mais il était en pleine crise de nerf. Il a surréagi à des menaces. » Dans le box, Thomas Galles a accueilli le jugement avec calme et sérénité. Tout comme ses victimes.