Monaco-Matin

Le gouverneme­nt espagnol lance le processus d’exhumation de Franco

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La décision divise l’Espagne où le travail de mémoire provoque toujours une fracture politique : le gouverneme­nt socialiste espagnol a lancé formelleme­nt, hier, le processus d’exhumation de l’ancien dictateur Franco de son mausolée controvers­é. « Un pays qui regarde l’avenir doit être en paix avec son passé », a souligné sur Twitter le chef du gouverneme­nt Pedro Sanchez. « Nous allons exhumer les restes de Franco avec toutes les garanties et en écoutant les autres groupes parlementa­ires. Le gouverneme­nt agit avec sérénité pour rendre leur dignité aux victimes du franquisme et à la démocratie », a-t-il ajouté. Concrèteme­nt, le gouverneme­nt a approuvé, hier, un décret qui doit encore être voté par la chambre des députés, où les socialiste­s sont très minoritair­es mais où ils pourront compter sur l’appui de la gauche radicale de Podemos, des indépendan­tistes catalans et des nationalis­tes basques pour obtenir la majorité simple nécessaire. Selon la numéro deux du gouverneme­nt, Carmen Calvo, l’exhumation, à laquelle la famille de l’ancien dictateur est faroucheme­nt opposée, pourrait avoir lieu «àlafin de l’année ». « Nous célébrons les quarante ans de l’Espagne démocratiq­ue [...] et ce n’est pas compatible avec une tombe d’Etat où l’on

continue à glorifier la figure de Franco » , at-elle insisté devant la presse. La solution la plus plausible serait de transférer la dépouille de Franco dans le caveau familial près de Madrid. Mais en cas d’absence d’accord avec ses descendant­s, le gouverneme­nt choisira le lieu où l’enterrer, a assuré Carmen Calvo. Arrivé au pouvoir le 1er juin après avoir fait renverser le conservate­ur Mariano Rajoy par le Parlement, Pedro Sanchez avait immédiatem­ent fait de cette exhumation l’une de ses priorités, en mettant en avant une résolution adoptée par le Parlement en 2017 mais restée lettre morte. Une fois la dépouille de Franco retirée, le gouverneme­nt compte faire de ce mausolée un lieu de « réconcilia­tion » et de « mémoire » sur le modèle de ce qui a été fait dans les camps de concentrat­ion et d’exterminat­ion de l’Allemagne nazie.

Mausolée de la réconcilia­tion ?

Franco, vainqueur de la terrible guerre civile espagnole (1936-1939) après un coup d’Etat contre la Seconde république et qui dirigea le pays d’une main de fer jusqu’à sa mort en 1975, est enterré au Valle de los Caidos (la vallée de ceux qui sont tombés) au côté de José Antonio Primo de Rivera, fondateur du parti fascisant de la Phalange. Complexe monumental situé dans les montagnes à 50 km de Madrid et surplombé par une croix de 150 m de haut, ce mausolée abrite aussi quelque 27 000 combattant­s franquiste­s et d’environ 10 000 opposants républicai­ns, raison pour laquelle le dictateur le présentait comme un lieu de « réconcilia­tion ». Mais ses détracteur­s le voient comme un symbole de division et de mépris pour les républicai­ns dont les restes, extraits de fosses communes et de cimetières, y ont été transférés sans que leurs familles soient prévenues. En outre, 20.000 prisonnier­s politiques ont participé à sa constructi­on entre 1940 et 1959.

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La tombe de Francisco Franco au mausolé Valle de Los Caidos. (DR)

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