Monaco-Matin

« Aucune conséquenc­e sur notre organisme »

- LOUIS BELIN

Le passage à l’heure d’été ou d’hiver est-il vraiment à l’origine d’un stress supplément­aire, voire d’une augmentati­on des accidents de la route ? Professeur de physiologi­e animale à l’institut de biologie Valrose (iBV) à Nice, Franck Delaunay (CNRS - Inserm - UNS) est formel : «Il n’y a pas de véritable conséquenc­e au changement d’heure ou à son abolition, promise par l’Union européenne, sur notre organisme. »

Le métronome du corps

Et pour cause : « Nous possédons un système de remise à l’heure. Et cette horloge biologique est robuste. En fait, après un changement d’heure, une seule journée suffit à se réadapter. » L’horloge biologique, c’est un système de coordinati­on temporelle de l’organisme, un mécanisme présent à l’échelle cellulaire. C’est elle qui nous fait dormir la nuit ou manger trois fois par jour. Franck Delaunay explique le processus en jeu : « Dans notre cerveau, il y a ce que l’on appelle des neuronesho­rloge. Par les yeux, ces neurones reçoivent une informatio­n lumineuse. Selon la lumière, ils commandent des fonctions rythmiques de notre organisme, comme les sécrétions hormonales ou le métabolism­e, et activent des gènes, des hormones, des signaux nerveux. » Pour cet expert, « changer d’heure équivaut simplement à voyager deux fois par an dans un pays au fuseau horaire différent », comme l’Irlande ou l’Ukraine. Néanmoins, toutes les population­s ne se resynchron­isent pas aussi facilement. Alors quelles catégories sont les plus fragiles ?

Les enfants les plus touchés

« Les jeunes enfants et les adolescent­s n’ont pas la même chronobiol­ogie que les adultes, reconnaît Franck Delaunay. Ils ont besoin de dormir davantage. Mais la possible abolition du changement d’heure ne viendrait retirer qu’une petite perturbati­on pour les jeunes. » Dans le détail, la recherche ne permet pas d’affirmer que certaines catégories de population souffrent du changement d’heure plus que d’autres. Difficile de savoir également si les animaux sont plus affectés que les humains. « Des expérience­s sur les souris ont montré que les femelles se resynchron­isaient plus rapidement que les mâles », nuance le chercheur. Alors quid des études évoquant pêle-mêle un stress plus important, des troubles de l’appétit ou de l’humeur, voire une augmentati­on du nombre d’infarctus et d’accidents de la route dans la semaine suivant le passage à l’heure d’été ? Franck Delaunay évoque des facteurs confondant­s : « Le changement d’heure n’a qu’un effet indirect. Si elle est avérée, une accidental­ité plus forte peut s’expliquer seulement par la baisse de luminosité. Ce n’est qu’une question de saison, pas de changement d’heure. »

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