Quels freins lever pour doper le vélo ?
Pourquoi la pratique du vélo comme mode de déplacement reste-t-elle marginale ? Nous avons réalisé un sondage auprès des Azuréens
Les Azuréens sont 2 % à circuler à vélo tous les jours ou presque (1). Dans un département où le trafic automobile sature, ce mode de déplacement peine à s’imposer comme une alternative à la voiture. Économique, rapide, bon pour la santé : sur de nombreux points, le vélo l’emporte sur les véhicules motorisés. Côté budget, remplacer une voiture par une bicyclette fait économiser plus de 300 euros par mois. Et « en milieu urbain, la vitesse moyenne est de 17 km/h en auto et de 16 km/h pour un cycliste, pointe Saskia Hermans, ingénieur transport. À bicyclette, on va plus vite puisqu’on n’a pas besoin de tourner pour chercher une place, on se déplace de porte à porte. »
La France en queue de peloton
Cette Mouansoise, originaire des Pays-Bas en sait quelque chose : en Hollande, 30 % des urbains circulent en « petite reine ». À côté, la France, avec ses 2 %, peine à raccrocher au peloton de ses voisins européens. Pour notre dossier d’enquête du mois, « Comment lutter contre les embouteillages et réduire la pollution ? », nous avons cherché à comprendre pourquoi la bicyclette est à la traîne sur la Côte d’Azur. Quels sont les freins à cette pratique ? « La clé, c’est la sécurité », pointe Florent Morel. Cet actif s’est engagé dans l’association « Choisir le vélo », pour faire entendre la voix des cyclistes. « Il faut offrir des itinéraires où ils se sentent en sécurité. Et raccorder les voies cyclables entre elles pour proposer un vrai réseau. On est dans la bonne direction, les choses commencent à bouger. »
Des progrès en cours
De fait, de Nice à Sophia, des aménagements sont réalisés par les collectivités pour assurer des trajets plus sûrs. Cet automne, l’accès au centre commercial Cap 3 000 sera sécurisé ; l’année prochaine, la piste cyclable « littorale » entre Villeneuve-Loubet et Antibes sera notamment complétée d’un tronçon à l’entrée Est d’Antibes (lire détails en page 4).
Des investissements cyclables… qui rapportent
« Il faut financer ces travaux, et c’est souvent là que le bât blesse, observe Saskia Hermans. À Sophia, où le bus à haut niveau de service représente un investissement de près de 200 millions, investir 10 % de cette somme dans le réseau cyclable suffirait à régler les points noirs. » La métropole de Bordeaux, elle, n’a pas hésité à voter un plan vélo doté d’un budget de 70 millions d’euros. « Une piste cyclable est rentabilisée en 5 ans, commente Brigitte Terraza, vice-présidente de Bordeaux Métropole en charge des mobilités alternatives. Des économistes danois ont calculé qu’un kilomètre effectué en voiture coûte 0,75 euro à la collectivité (construction et entretien des routes, pollution, congestion). Et un kilomètre à vélo rapporte 0,25 euro, en comptant les bénéfices sur la santé de cette pratique. » À Bordeaux, plus rien ne semble pouvoir freiner la progression de la petite reine, qui représente 15 % des déplacements en ville. Alors, pourquoi pas à Nice, Antibes, Cannes… ? La participation massive à notre sondage témoigne d’un vrai engouement. Vous avez été plus de 1 300 à participer, mettre en avant les points noirs, mais aussi suggérer des solutions pour donner des ailes au vélo. Alors, en piste !
1. Source : Enquête ménages déplacements 06.