Monaco-Matin

Quels freins lever pour doper le vélo ?

Pourquoi la pratique du vélo comme mode de déplacemen­t reste-t-elle marginale ? Nous avons réalisé un sondage auprès des Azuréens

- Dossier : SOPHIE CASALS, AURORE MALVAL ET MARIE CARDONA solutions@nicematin.fr Photos : FRANTZ BOUTON, ERIC OTTINO ET FRANZ CHAVAROCHE

Les Azuréens sont 2 % à circuler à vélo tous les jours ou presque (1). Dans un départemen­t où le trafic automobile sature, ce mode de déplacemen­t peine à s’imposer comme une alternativ­e à la voiture. Économique, rapide, bon pour la santé : sur de nombreux points, le vélo l’emporte sur les véhicules motorisés. Côté budget, remplacer une voiture par une bicyclette fait économiser plus de 300 euros par mois. Et « en milieu urbain, la vitesse moyenne est de 17 km/h en auto et de 16 km/h pour un cycliste, pointe Saskia Hermans, ingénieur transport. À bicyclette, on va plus vite puisqu’on n’a pas besoin de tourner pour chercher une place, on se déplace de porte à porte. »

La France en queue de peloton

Cette Mouansoise, originaire des Pays-Bas en sait quelque chose : en Hollande, 30 % des urbains circulent en « petite reine ». À côté, la France, avec ses 2 %, peine à raccrocher au peloton de ses voisins européens. Pour notre dossier d’enquête du mois, « Comment lutter contre les embouteill­ages et réduire la pollution ? », nous avons cherché à comprendre pourquoi la bicyclette est à la traîne sur la Côte d’Azur. Quels sont les freins à cette pratique ? « La clé, c’est la sécurité », pointe Florent Morel. Cet actif s’est engagé dans l’associatio­n « Choisir le vélo », pour faire entendre la voix des cyclistes. « Il faut offrir des itinéraire­s où ils se sentent en sécurité. Et raccorder les voies cyclables entre elles pour proposer un vrai réseau. On est dans la bonne direction, les choses commencent à bouger. »

Des progrès en cours

De fait, de Nice à Sophia, des aménagemen­ts sont réalisés par les collectivi­tés pour assurer des trajets plus sûrs. Cet automne, l’accès au centre commercial Cap 3 000 sera sécurisé ; l’année prochaine, la piste cyclable « littorale » entre Villeneuve-Loubet et Antibes sera notamment complétée d’un tronçon à l’entrée Est d’Antibes (lire détails en page 4).

Des investisse­ments cyclables… qui rapportent

« Il faut financer ces travaux, et c’est souvent là que le bât blesse, observe Saskia Hermans. À Sophia, où le bus à haut niveau de service représente un investisse­ment de près de 200 millions, investir 10 % de cette somme dans le réseau cyclable suffirait à régler les points noirs. » La métropole de Bordeaux, elle, n’a pas hésité à voter un plan vélo doté d’un budget de 70 millions d’euros. « Une piste cyclable est rentabilis­ée en 5 ans, commente Brigitte Terraza, vice-présidente de Bordeaux Métropole en charge des mobilités alternativ­es. Des économiste­s danois ont calculé qu’un kilomètre effectué en voiture coûte 0,75 euro à la collectivi­té (constructi­on et entretien des routes, pollution, congestion). Et un kilomètre à vélo rapporte 0,25 euro, en comptant les bénéfices sur la santé de cette pratique. » À Bordeaux, plus rien ne semble pouvoir freiner la progressio­n de la petite reine, qui représente 15 % des déplacemen­ts en ville. Alors, pourquoi pas à Nice, Antibes, Cannes… ? La participat­ion massive à notre sondage témoigne d’un vrai engouement. Vous avez été plus de 1 300 à participer, mettre en avant les points noirs, mais aussi suggérer des solutions pour donner des ailes au vélo. Alors, en piste !

1. Source : Enquête ménages déplacemen­ts 06.

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