Monaco-Matin

Pourquoi les colonies de vacances ne font plus recette

La formule attire des familles aisées, au travers de séjours thématique­s et celles défavorisé­es qui bénéficien­t d’aides. Les classes moyennes, elles, délaissent de plus en plus les «colos». Explicatio­ns

- ANNE-SOPHIE JOUVENAUD

Kitesurf, golf, plongée, canyoning, parachutis­me... Des activités onéreuses que l’UCPA – l’Union nationale des centres sportifs de plein air – place en thématique centrale dans ses camps de vacances et qui cartonne auprès des adolescent­s. Pour les colos plus traditionn­elles en revanche, les budgets sont serrés, puisqu’elles sont majoritair­ement fréquentée­s par des enfants issus de familles défavorisé­es et bénéfician­t d’aides publiques.

« Les classes moyennes ne partent plus en vacances »

C’est un fait. Les « colos », se font rares. Seulement, qu’entend-on par colonie de vacances ? Au centre Paul-Benoit de Valdeblore géré par l’associatio­n CEJAM – dernier bâtiment associatif des Alpes-Maritimes – le directeur d’été Gery Martin évoque des valeurs de base : « citoyennet­é, entraide, utilité, valorisati­on, autonomie ». Des mots auquel adhère le conseil départemen­tal des Alpes-Maritimes, organisate­ur lui aussi de séjours, et l’associatio­n UCPA. Oui mais voilà, le constat est alarmant. « Les classes moyennes ne partent plus en vacances », assure Edwige Fourcou,

directrice du CEJAM. « Avec 350 enfants en été, je ne veux pas arriver à des colos ghettos, composées uniquement de séjours financés par l’État. Il faudrait plus de mixité sociale, alors qu’il y en a peu. Du point de vue éducatif, je ne m’y retrouve plus. » Même constat du côté du Départemen­t

qui voit ses colos se dépeupler. À l’inverse, l’UCPA qui propose pourtant des tarifs beaucoup plus élevés, fait carton plein : dès 540 € par enfant (hors transport, équipement et assurances) pour un séjour de 7 jours en Ile-de-France pour apprendre le golf aux 9-11 ans par exemple.

Xavier Hernandez, responsabl­e de la politique éducative, dénombre une hausse des inscriptio­ns depuis 2015 : « Nous avons 150 enfants de plus en moyenne chaque année, avant même notre partenaria­t avec Telligo ou Aludéo, spécialist­es de vacances pour adolescent­s ».

Tarifs élevés, bâtiments vétustes...

Les raisons du déclin des colos sont nombreuses. Simon Boullay, animateur à temps plein depuis 18 ans l’explique : « Les parents veulent en avoir pour leur argent. Au prix des colos, il faut qu’il y ait des activités ! Ce qui expliquera­it le succès des colos thématique­s. Les journées en centre de loisirs sont aussi privilégié­es aux séjours longue durée. Il faut aussi ajouter l’omniprésen­ce des écrans chez les jeunes, qui prennent le dessus sur les activités de plein air. » Edwige Fourrou relève aussi les coûts d’entretien des bâtiments, énormes : 100 000 à 200 000 par an, par exemple, pour le centre Paul-Benoît de Valdeblore. Sans oublier l’augmentati­on du nombre de couples séparés, qui implique que les enfants passent un mois chez chaque parent ou chez les grands-parents et évitent ainsi les colonies de vacances. Pourtant, les « colos » laissent souvent des souvenirs impérissab­les: chamallows grillés sur le barbecue, veillées à la guitare et fous rires au petit dèj... il n’y a qu’en centres de loisirs que l’on peut partager de tels moments !

 ?? (Photo A.S.J.) ?? Journées en centres de loisirs, omniprésen­ce des écrans au quotidien... Face à cette concurrenc­e, les colonies de vacances tentent de tirer leur épingle du jeu en proposant des séjours thématique­s.
(Photo A.S.J.) Journées en centres de loisirs, omniprésen­ce des écrans au quotidien... Face à cette concurrenc­e, les colonies de vacances tentent de tirer leur épingle du jeu en proposant des séjours thématique­s.

Newspapers in French

Newspapers from Monaco