Monaco-Matin

Mistral : un projet pilote de classe en immersion italien

Pour la première fois à Menton, une classe de CP suivra un enseigneme­nt bilingue français/italien. L’ensemble de l’école devrait, à terme, bénéficier de cette ouverture vers le voisin transalpin

- ALICE ROUSSELOT arousselot@nicematin.fr

Rentrée ô combien particuliè­re pour les vingt-trois élèves de CP de l’école Frédéric-Mistral, cette année. Parce qu’ils font un pas dans la fascinante cour des grands, bien sûr. Mais aussi (et surtout) parce que leur classe fait figure d’avant-gardiste à l’échelle de l’Académie. Et pour cause: pour la première fois, les Mentonnais en herbe vont suivre un enseigneme­nt bilingue français/italien, tout le long de l’année. Sous forme d’une classe d’immersion en langue étrangère (lire ci-contre) – dont seule la commune du Cannet des Maures bénéficie également, mais en allemand.

« Faisable et nécessaire »

« Évidemment prévenus de cette nouveauté, les parents se sont montrés enthousias­tes », souligne la directrice de l’école en charge de la classe, Jacqueline Orengo. Parfaiteme­nt bilingue. « Ils ont tout de suite été partants, de même que mes collègues et moi, indique-t-elle. Ce projet nous a été proposé en fin d’année scolaire par l’inspecteur. C’est un véritable challenge. Nous n’avons pas pris beaucoup de temps pour donner une réponse positive, même si c’était mûrement réfléchi. Nous avons suivi un séminaire à Chambéry, dans une école bilingue et cela nous a confortés dans l’idée que c’était faisable… et nécessaire. » D’autant qu’un autre exemple fondé sur le même principe fonctionne très bien à quelques petits kilomètres derrière la frontière : l’école française de Vintimille. En sens inverse. « L’idée, chez nous, est de partir du CP pour arriver progressiv­ement en CM2. et que toutes les nouvelles classes se créent sur le même modèle. Le but, c’est clairement de devenir une école bilingue. En étroite collaborat­ion avec la maternelle Adrien-Camaret, située juste à côté, pour qu’il n’y ait pas de cassure » ,reprend Jacqueline Orengo. Pas question pour autant de rendre la tâche difficile aux élèves, qui entrent en école élémentair­e pour acquérir les savoirs de base. «Avec les CP, on commence tout doux l’apprentiss­age en italien. Avec seulement de l’oral. On instaure des rituels : dates, météo, chansons pour saluer… J’ai été habituée à faire des cours d’italien dans les classes. D’expérience, les CP apprennent très vite, et on le ressent les années qui suivent. » À noter que ce n’est qu’au cycle 3 (CM1-CM2) que l’italien pourra être abordé via l’écrit, ou pour enseigner des matières telles que l’histoire-géo. Pour l’heure, il devrait davantage s’inviter en classe après la pause méridienne. «Le matin, je le consacre à l’apprentiss­age du code et aux maths. L’après-midi, à questionne­r le monde, au sport et à l’art. Ce sera plus propice », reprend la directrice. Convaincue que la langue de Dante a toute sa place dans les écoles du secteur. « C’est indispensa­ble de l’apprendre, vu la situation géographiq­ue de la ville. Ou au moins de le comprendre. Certains élèves seront

peut-être amenés à en avoir besoin dans le futur. Et l’apprentiss­age d’une langue favorise plus largement l’apprentiss­age des autres. Ça ne les empêchera pas de faire de l’anglais… » D’un point de vue de l’équipe pédagogiqu­e, un tel défi permettra par ailleurs de « donner un élan à l’école». Via un projet d’avenir – audacieux – que l’on imagine volontiers se multiplier lors des prochaines rentrées scolaires.

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(Photos J.-F. O.) Les élèves répètent à la perfection la météo lue en italien par leur enseignant­e.

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