Monaco-Matin

La faiblesse politique du gouverneme­nt

- de DENIS JEAMBAR Journalist­e et écrivain edito@nicematin.fr

Avant de procéder à son remaniemen­t ministérie­l, Emmanuel Macron a, sans doute, passé en revue son gouverneme­nt, ses forces et ses faiblesses après  mois d’exercice du pouvoir. Le bilan l’a-t-il rassuré ? Ce n’est pas sûr. Sa volonté louable de faire émerger des figures nouvelles à la tête des ministères n’aura guère comblé ses espérances. En dehors de Christophe Castaner, ministre des relations avec le Parlement et de Benjamin Griveaux, porte-parole du gouverneme­nt, aucune personnali­té ne s’est vraiment affirmée sur le terrain politique. Seuls ces deux hommes sont capables de monter en première ligne, de se mêler à des débats plus larges que ceux concernant leur ministère, de tenir le rôle de rempart face aux opposants. Les autres sont d’abord des ministres techniques dont la voix ne porte guère au delà de leur domaine de compétence. Même de vieux routiers de la politique venus de l’ancien monde comme Gérard Collomb, le ministre de l’Intérieur, Bruno Le Maire et Gérald Darmanin à l’Economie, Jean-Yves Le Drian aux Affaires étrangères ne parviennen­t pas à se hisser au premier rang de la macronie politique. Ils restent le plus souvent cantonnés dans leur rôle ministérie­l sans parvenir à devenir des défenseurs convaincan­ts de la vision présidenti­elle. Le recours à des personnali­tés de la société civile montre également ses limites. Certes, deux ministres se sont affirmés avec force dans leur domaine, Jean Michel Blanquer à l’Education nationale et Muriel Pénicaud au Travail, mais leur voix ne porte guère au-delà de leur secteur ministérie­l . Pas plus que celles de Nicole Belloubet à la Justice, Agnès Buzyn à la Santé, Elisabeth Borne aux Transports ou Marlène Schiappa à l’Egalité entre les femmes et les hommes. Pour le reste, la plupart sont restés dans l’anonymat. Cette faiblesse politique du gouverneme­nt éclaire la situation du Président. Ces soldats ne font pas une armée capable de le protéger. Le Premier ministre ne peut guère non plus jouer son rôle de fusible. Il assume certes sa fonction mais sa voix est couverte par celle du chef de l’Etat et ne résonne par fortement dans l’opinion. Il est vrai que la présence permanente sur le devant de la scène du Président, sa personnali­té, sa volonté d’être sur tous les fronts rendent presque impossible toute existence politique à ses côtés. Et en font un homme seul.

« La présence permanente sur le devant de la scène du Président... rend presque impossible toute existence politique à ses côtés. »

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