Le Bizart Baz’art de Ben fait de l’oeil aux collectionneurs
Exposée au cours des quinze dernières années à Francfort, Liverpool, Paris et Lyon, cette pièce monumentale de Ben est de retour à Nice. À visiter sur place - en groupe - ou à emporter…
Àquatre-vingt-trois ans, Ben est plus vivant que jamais. Son Bizart Baz’art n’est donc pas un mausolée. Ce cube habitacle de 5 mètres de côté, avec perron, terrasse et escalier, est la version fluxus du cabinet de curiosités. Tendance récupération. Un inventaire savamment désordonné où le visiteur, selon le mot qui convient, peut s’imprégner de l’univers fantasque et déluré de son créateur. À l’intérieur, des centaines d’objets les plus hétéroclites et des pensées très ajustées. Dont cette allégation, assez gonflée pour une oeuvre exposée dans de prestigieuses institutions: «Les musées ne servent à rien». Entre le jeu et la provocation, de vraies questions. «Où est le nouveau?», s’interroge Ben, tiraillé par ses obsessions de renouvellement et d’invention. Du sol au plafond, des assemblages de jouets, néons, miroirs et citations brossent avec humour, mais non sans profondeur, un tableau désenchanté de la société de consommation. «Tout est art - tout est marchandise», prévient Ben qui donne à son antre l’allure d’un étalage où les collectionneurs pourraient être tentés de faire leur marché. «Toutes les pièces de Ben sont à vendre», dit un panneau accroché à l’entrée. En l’occurrence, c’est la pièce dans son ensemble qui se retrouve sur le marché. Ce fourre-tout d’art indissociable est proposé à prix élevé; on parle d’un montant à cinq zéros.
« Que tout ne parte pas en mille morceaux »
Mais il faut savoir que le Baz’art est la plus grande des trois «cabanes» jamais réalisées. Les deux autres appartiennent au Centre Pompidou et au Mamac, celle-ci ayant été conçue en 2002 pour l’exposition Shopping, successivement présentée à la Kunsthalle de Francfort et à la Tate de Liverpool. En attendant qu’un acquéreur se manifeste, il est possible d’y accéder par petits groupes(1) dans le jardin de Ben à Saint-Pancrace. Avec l’espoir de voir le Baz’art y rester, si d’aventure personne ne devait l’acheter. Un projet de fondation est à l’étude: «Je n’ai pas l’intention de mourir demain. Mais je souhaite qu’un jour, la maison, l’atelier et la collection soient ouverts au public. Pour que tout ne parte pas en mille morceaux. À condition évidemment que Ben ne soit pas le raté qu’il croit qu’il est. Sans quoi tout ça finira… à la benne.»