Monaco-Matin

« Métropolis­ation » : l’invitation au dialogue

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« Je suis ravi de faire des émules sur la baisse des impôts, c’est toujours positif qu’on prenne l’exemple du Départemen­t en matière de bonne gestion », sourit, en coin, Eric Ciotti. Car, c’est évident pour lui, « la décision de Christian Estrosi a été prise en raison de l’annonce que le Départemen­t allait faire ». Cependant, le député azuréen «déplore que le citoyen soit quelque peu abusé ». Ciotti défouraill­e : «Ilya d’un côté la taxe foncière créée par Estrosi, que les contribuab­les paient cet automne et qui est lourde, et cette nouvelle décision qui ne concernera que Nice et qui n’entrera en vigueur qu’en 2019. » Il sort, lui aussi, sa calculette : « Sur un appartemen­t à Nice qui payait 1 119 euros de taxe foncière en 2017, aujourd’hui, c’est 1258, soit 139 euros de plus. En 2019, la baisse ne sera que de 49 euros après une hausse de 139. » Ciotti concluant en nuançant aussi: « Nous, on l’a fait car on s’est désendetté. »

Estrosi flingue aussi

Christian Estrosi n’est pas en reste. La bonne gestion autoprocla­mée du Départemen­t le fait sourire. Si ce dernier a pu réaliser des économies, c’est, estime-t-il en substance, en jouant perso et en ne compensant pas financière­ment divers transferts de compétence­s à la Métropole : « Nous (la Métropole) serions plus riches de 6 millions par an si le Départemen­t ne nous versait pas que 44 millions sur les 50 prévus pour le transfert des routes, et de six autres millions pour la compensati­on du tarif à un euro des transports, qu’il ne nous verse plus depuis des années, entre autres… » Au total, le maire chiffre à 20 M€ annuels le manque à gagner de la Métropole au regard des compensati­ons financière­s dont le Départemen­t s’affranchir­ait. Pour faire bonne mesure, il évoque le rapport de 2017 de la Chambre régionale des comptes, «très critique sur la gestion du Départemen­t» et ironise sur « l’augmentati­on de 20 % des droits de mutation en 2014, qui a pénalisé les propriétai­res». « L’Etat nous embrouille à essayer de faire passer des compétence­s d’une collectivi­té vers l’autre. » Pour Christian Estrosi, la décentrali­sation doit aujourd’hui entrer dans sa phase ultime, qui passe par plus de clarté. Sur le modèle du Grand- Lyon, qui a fusionné la métropole rhodanienn­e et une partie du départemen­t du Rhône, un schéma appelé à se reproduire entre les Bouches-duRhône et la métropole d’Aix-Marseille, le maire de Nice aspire lui aussi à une fusion entre la métropole Nice Côte d’Azur et le départemen­t des Alpes-Maritimes. Il sait évidemment avancer sur des oeufs. Dans un premier temps, il vient donc d’écrire au patron du Départemen­t, Charles-Ange Ginésy, et aux présidents des autres intercommu­nalités, pour les inviter au dialogue. « Je ne veux pas qu’on reste les bras ballants. Je ne dis pas qu’il faut fusionner, mais il faut réfléchir ensemble, sous l’égide du préfet, pour ne pas être à la traîne de réformes qui nous seront imposées de toute façon et qui vont dans l’intérêt même des communes. »

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