Gérard Collomb : l’exécutif a « peut-être manqué d’humilité »
Le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb a regretté que le président de la République et le gouvernement aient « peut-être manqué d’humilité », expliquant ainsi la baisse de popularité d’Emmanuel Macron, hier matin sur BFMTV/RMC. « Le ministre de l’Intérieur a raison », lui a répondu, dans l’après-midi, Emmanuel Macron lors d’un déplacement au Luxembourg. Pour le locataire de la place Beauvau, la forte baisse du chef de l’Etat dans les sondages « demande interrogation de notre part », ajoutant toutefois que « les réformes sont au départ toujours un peu impopulaires ». Mais « peut-être, les uns ou les autres, nous avons manqué d’humilité », a-t-il affirmé. « J’étais dans le temps professeur de grec. En grec, il y a un mot qui s’appelle “hubris”, c’est la malédiction des dieux. Quand, à un moment donné, vous devenez trop sûr de vous, vous pensez que vous allez tout emporter. »
« Tentation hégémonique »
« Il y a une phrase qui dit que “les dieux aveuglent ceux qu’ils veulent perdre”, donc, il ne faut pas que nous soyons dans la cécité », a-t-il mis en garde. Selon lui, il faut « plus d’écoute des Français » de la part de l’exécutif. « Il faut toujours regarder ce que pense la base. Il faut que tous les ministres gardent leurs racines, de manière à pouvoir entendre ce que disent les gens, parce que vite, dans les palais de la République, on perd la capacité de lien et d’écoute avec la population ». Selon plusieurs sondages récents, le président et son Premier ministre connaissent une impopularité record, entre 23 et 31% d’opinions positives pour Emmanuel Macron, entre 24 et 35% pour Edouard Philippe. La porte-parole du groupe LREM à l’Assemblée, Aurore Bergé, a admis que le parti présidentiel aussi pouvait manquer d’humilité. « Il y a peut-être parfois cette tentation hégémonique. On l’a reconnu en disant qu’il fallait travailler de manière plus collégiale, plus collective », a-t-elle dit. « Nous avons été élus dans des circonstances particulières, et il faut l’avoir en tête », a-t-elle ajouté au micro de RMC, estimant néanmoins qu’Emmanuel Macron n’avait «pas du tout » perdu le lien avec les Français.