Les vieux réflexes du nouveau monde
Les novices de la politique ne le sont plus. Arrivés sur la pointe des pieds en juin au Palais-Bourbon, intimidés et hésitants, les nouveaux élus de La République en marche n’ont pas tardé bien longtemps à adopter les réflexes, voire les travers de leurs prédécesseurs. Prenez Yaël Braun-Pivet. Inconnue au bataillon avant sa victoire contre le vieux briscard LR Jacques Myard dans la
e circonscription des Yvelines, cette avocate et responsable associative incarne la nouvelle génération Macron. Des personnalités de la société civile parfois talentueuses, souvent pressées. Elue à la tête de la prestigieuse Commission des lois, coprésidente de la commission d’enquête sur l’affaire Benalla cet été, la jeune élue s’est sentie pousser des ailes, annonçant dès la nomination de François de Rugy au gouvernement son intention de briguer la présidence de l’Assemblée. Il fallait l’entendre, hier matin au micro de RTL , justifiant sa démarche avec conviction et taclant ses aînés sans vergogne. Martelant la nécessité de « transformer la
façon de faire la politique ». Jugeant la candidature de Richard Ferrand, le chef de file des Marcheurs à l’Assemblée « pas à la hauteur de nos aspirations au renouvellement ». Quelques heures après avoir précisé qu’elle ne voyait
« aucune raison de ne pas aller au bout », la même Yaël Braun-Pivet annonçait dans un communiqué très vintage sa décision de retirer sa candidature au profit de Richard Ferrand. Recadrage de l’Elysée ? Pressions ? Deal avec son président de groupe ? Peu importe les raisons, on ne retiendra que son renoncement soudain. Sauf surprise, les Marcheurs qui auront à choisir lundi à Tours entre Barbara Pompili, Cendra Motin, Philippe Folliot et Richard Ferrand ne devraient pas désigner un représentant de la nouvelle génération, mais le candidat du « patron ». Un politique respectable et respecté, mais un politique « à l’ancienne » qui n’est d’ailleurs pas à l’abri d’une mise en examen dans l’affaire des Mutuelles de Bretagne. Yaël Braun-Pivet rêvait de « nouveaux visages et de nouveaux usages », elle cède de gré ou de force aux moeurs politiques d’un autre temps. Celui d’un ancien monde qui n’a décidément pas dit son dernier mot.
« Yaël Braun-Pivet rêvait de “nouveaux visages et de nouveaux usages”, elle cède aux moeurs d’un autre temps. »