E. Maurel: «Mon modèle, c’est le Front populaire»
Le leader de l’aile gauche du PS, qui regrette le virage libéral de son parti, organise ce week-end à Marseille des ateliers de réflexion réunissant toute la gauche, du MRC à La France insoumise
Il est la figure de proue de l’aile gauche du PS, dont il dénonce la bascule libérale. Emmanuel Maurel organise d’aujourd’hui à dimanche, au parc Chanot à Marseille, l’université de rentrée de Nos Causes communes, plateforme qui vise à rassembler la gauche dans sa diversité autour de propositions et de combats collégiaux, dès les européennes.
Un mot sur les déboires à répétition du gouvernement ? C’est une débandade pas possible. Il faut entendre le message de Hulot : dans ce gouvernement, il n’avait pas les moyens de mettre en pratique la transition écologique. On vient maintenant d’assister à un remaniement qui ne ressemble à rien, après des couacs à répétition. Le point positif de tout cela est que le rideau de fumée Macron s’est dissipé et que les gens voient désormais clair sur sa pratique du pouvoir et sur sa politique, néfaste à la majorité des Français. Je n’ai aucun problème personnel avec Olivier Faure, mais j’ai des problèmes politiques. Depuis un an, le PS peine à se faire entendre et c’est parce que sa ligne n’est pas assez claire. En restant à équidistance entre Macron et Mélenchon, on est nulle part ! Dans une période où Emmanuel Macron s’apprête à taper fort, sur les retraites notamment, il faudrait avoir le courage de choisir notre camp et de dire que nous sommes dans une opposition frontale.
Olivier Faure vous a-t-il rassuré ? Je ne sais pas. En tout cas, si le PS n’est pas capable de parler clair, s’il n’est pas capable de se prononcer pour un certain nombre de ruptures radicales en Europe et s’il n’est pas capable de se mettre en mouvement pour faire échec aux graves réformes qui s’annoncent, il ne remplira pas sa mission. Je suis surpris par la mansuétude dont on fait preuve à l’égard de François Hollande, dont le retour en politique ne me paraît pas très opportun, alors que nous n’avons pas fait le bilan du quinquennat, négatif sur de nombreux points.
On vous sent plus proche de Mélenchon que du PS actuel. Qu’est-ce qui vous retient de rejoindre La France insoumise ? Moi, je n’ai jamais cessé d’être socialiste, et fier de l’être. Ce n’est pas ma faute si certains au PS ont tourné le dos à notre histoire et se sont orientés vers le libéralisme et le centre droit. Je poursuis un cap clair depuis des années : le rassemblement de toute la gauche. Et je promeus un certain nombre d’idées dans la lignée du socialisme républicain, fondé sur la redistribution des richesses, le partage des pouvoirs et des savoirs.
Qu’attendez-vous des débats de ce week-end à Marseille ? Avec le PC, LFI, Europe Ecologie, les radicaux ou le MRC, nous voulons essayer d’y mettre en avant ce qui nous est commun, plutôt que ce qui nous différencie. Nous avons beaucoup pâti de l’idée selon laquelle il y aurait des gauches irréconciliables, qui ne pourraient plus travailler ensemble. Il y a un certain nombre d’actions et de propositions que nous devons élaborer ensemble, sur les questions économiques, sociales et écologiques. Moi, mon modèle historique, c’est le Front populaire. A savoir la capacité, par des actions concrètes et en s’appuyant sur une mobilisation sociale, de réformer la société en profondeur. Ce modèle-là reste d’actualité.
Une liste commune du PS avec La France insoumise aux européennes, vous y croyez ? Je me bats pour une liste de large rassemblement. Aux européennes, on va parler de l’UE mais aussi de la France. Si on peut ébranler Emmanuel Macron et lui infliger une défaite électorale, ce sera la première étape pour faire échec à sa politique et préparer une vraie alternative de gauche.
Mais les relations entre le PS et La France insoumise ont été très rudes ces dernières années… Peut-être. Mais il faut tout faire pour parvenir à des convergences, dans les luttes et les propositions.