INTERVIEW Johan Micoud : « Il fallait prendre des décisions »
A l’orée de sa 3e saison à la tête de l’AS Cannes (N3), le président balaye l’actualité du club
Ala tête de l’AS Cannes depuis l’été , Johan Micoud est un président ambitieux. Après une montée en National obtenue il y a deux saisons, et malgré une deuxième partie de saison délicate l’année dernière, l’ex-international tricolore reste objectif et expose ses ambitions pour le club, son regard sur le football azuréen et son avis sur le titre de champions du monde de l’Equipe de France. Sans langue de bois.
Président, après une saison difficile l’an dernier, comment abordez-vous cet exercice / ? Avec beaucoup d’envie, beaucoup d’ambition. La saison dernière a été difficile : à partir de février, on a complètement plongé. Cette saison, on a essayé de rafraîchir le groupe au niveau état d’esprit et sens du collectif.
L’état d’esprit doit primer ? Les recrues ont un état d’esprit irréprochable et insufflent ce que l’on veut transmettre dans ce groupe. On est content, c’est ambitieux, il y a de la qualité. Maintenant, on espérait avoir un peu plus de points sur ces trois premiers matchs.
Le recrutement est, à première vue, un pari osé avec, par exemple, le départ de Jean-Jacques Mandrichi… C’est un choix sportif. Ça faisait partie du renouvellement de l’effectif. Peut-être que Jean-Jacques est arrivé au bout d’un cycle, on est content qu’il ait retrouvé un autre challenge.
Quel est l’objectif en N cette saison ? La montée. Ce sera difficile, on l’a vu à Bastia (défaite -, ndlr). On a des concurrents redoutables et qui ne sont pas au même niveau en terme d’équité. Lorsqu’on voit notre match et que l’on n’arrive pas à ramener un point ou même trois, c’est très difficile à encaisser. Il y a d’ailleurs peut-être un problème au niveau des instances supérieures, il faut peutêtre aider l’arbitre central en envoyant des arbitres du continent pour qu’il y ait une équité totale… Samedi dernier, on marque mais on a été sanctionné d’un horsjeu qui n’y était pas du tout et qui relançait totalement le match. C’est vraiment dommage ....
Vous débutez votre troisième saison à la tête du club, l’AS Cannes estelle toujours dans les temps ? L’objectif initial était d’essayer de réaliser une montée tous les deux ans, donc même si on essaye toujours de faire mieux, on est encore dans les temps. C’est vrai que l’an dernier, c’était une saison particulière. Il y a eu un ensemble de blessures que je n’ai jamais rencontrées dans une saison, notamment sur des cadres. Donc, lorsque l’on dit que l’on a recruté ou joueurs, on peut rajouter du recrutement interne, avec Kenny Gillet et Mickaël Cériélo, par exemple, qui, l’an dernier, ont manqué pratiquement toute la saison. Lorsqu’ils sont là, avec nous, on est un peu plus sécurisé en défense et ça permet aux autres joueurs de s’exprimer, de se libérer à l’instar de Oiddah Smida ou d’autres jeunes qui commencent sérieusement à s’exprimer. Ce n’est que du positif.
L’an dernier, les U sont montés en National, vous avez obtenu le label jeune ‘‘excellence’’ et la section sportive a été performante, l’ASC est-elle en train de renouer avec la tradition de la formation ? Oui, l’objectif est clairement de former des joueurs au club pour les intégrer en National . C’est pour ça que l’on a essayé de mettre en place la section sportive lycée, qui existait déjà en collège, pour être dans la continuité et aller chercher des joueurs pour leur apporter une formation terrain et éducative. Ce que l’on veut, c’est que les joueurs soient compétents dans les deux domaines, et respectueux. Chaque joueur qui signe au club sait que c’est pour jouer la place, et avoir l’ambition de représenter un club qui a un énorme passé. La section lycée est la seule de la région, c’est une énorme réussite pour nous. Je tiens d’ailleurs à remercier tous les bénévoles qui permettent de la mettre en place, d’aller chercher les petits au lycée avec les navettes… Ça demande beaucoup de boulot mais ça permet d’avoir des résultats.
Avec Michaël Marsiglia à la tête de l’équipe réserve, le club a aussi mis en place une passerelle entre les jeunes et la N… C’est la philosophie que l’on veut mettre en oeuvre au club. Les jeunes sont souvent impatients, ils veulent monter très vite mais certains U n’ont peut-être pas encore le niveau pour jouer en N. D’ailleurs, je leur dis souvent, le plus important n’est pas de jouer en N, mais de jouer dans une équipe qui veut monter en N. Le fait d’avoir mis Michaël Marsiglia à la tête de la réserve montre qu’il y a un échange et un lien avec la N. C’est un travail constructif.
La section féminine connaît une belle affluence, c’est une bonne chose en vue de la Coupe du Monde féminine qui se jouera en France en ? Oui, elle est en construction. Les filles ont entièrement leur place dans le club, si elles veulent venir, c’est bien volontiers. On a envie de développer ça, d’avoir plusieurs équipes. On veut rendre plus performante l’équipe première, et on a les bonnes personnes pour le faire.
Quel regard portez-vous sur le foot azuréen ? Je n’ai pas vu beaucoup de matchs cette saison, mais sur l’aspect général c’est très important pour la région d’avoir des clubs qui réussissent bien. Monaco, on connaît leur philosophie de club. Nice, j’ai toujours apprécié leur façon de jouer depuis la reprise du club et j’apprécie la philosophie inculquée avec les entraîneurs successifs. Ce qui prouve que la philosophie du club est plus importante que les seules personnes qui arrivent. C’est très positif depuis plusieurs années. Lorsque l’on voit que le RC Grasse est leader de National , cela montre qu’il y a de bons joueurs dans le coin et que dans chaque club on essaye de se structurer. Le fait qu’il y ait de la concurrence fait en sorte que chaque club essaye de se structurer de plus en plus, d’être encore plus ambitieux. Ce n’est que positif pour la région. C’est très difficile de juger quelque chose après quatre matchs. En début de saison, il a perdu de nombreux joueurs, il n’avait pas trop d’attaquants. A Lyon, le retour de Balotelli lui a fait du bien même si le gardien a été excellent. Après, je connais sa philosophie, il espère faire jouer son équipe comme ça s’est passé avec Favre et Puel. Maintenant, il faut structurer. Peut-être qu’à Lyon c’était un peu plus défensif, costaud, parce qu’il fallait aller chercher des points, mais, dans la durée, on va voir une équipe qui joue. Gagner à Lyon a permis de calmer certains et, pour lui, de travailler plus sereinement.
L’objectif reste le même, une montée tous les deux ans ”
Balotelli à Nice ? C’est une bonne chose pour Nice et la Ligue . A Nice, ça va leur faire du bien, il va mettre des buts, il a une grande influence sur le jeu et sur les jeunes donc oui, c’est une très bonne chose.
La France championne du monde ? En tant que Français, ça fait plaisir. On a eu quelques émotions lors de certaines rencontres. Mais, c’est vrai que ce n’est pas la philosophie de jeu que j’apprécie vraiment. Bravo à Deschamps et aux joueurs d’avoir intégré cette manière de jouer. Je voudrais maintenant qu’ils remportent des titres avec une manière plus forte de jouer, je sais qu’ils peuvent le faire. Il faut se servir de ça pour donner plus d’émotions de jeu dans le foot.