Monaco-Matin

Benoît Hamon a rendu visite à Cédric Herrou

Le fondateur de Génération-s, ex-candidat à la présidenti­elle, était hier à Breil-sur-Roya chez Cédric Herrou. L’occasion pour lui d’évoquer les montées des extrêmes en Europe

- GRÉGORY LECLERC gleclerc@nicematin.fr

En fait, comme dans Astérix et Obélix, tu es entouré des camps de Laudanum, Petibonum et Babaorum.» Benoît Hamon s’amuse de la situation ubuesque autour de la propriété de Cédric Herrou. Il lui rendait hier visite dans sa ferme de Breil-sur-Roya. Le fondateur du mouvement Génération-s s’est engagé, fin août, dans un «Tour de France et d’Europe des solidarité­s». Interloqué, l’ex candidat à la présidenti­elle découvre, dans ce coin isolé de la Roya, les postes de gendarmeri­e et de guetteurs qui surveillen­t les accès du camp de Cédric Herrou. Chaque visiteur est contrôlé, y compris la presse. Deux véhicules de gendarmeri­e stationnen­t en permanence dans ce virage perdu de la vallée de la Roya. Les militaires semblent tuer le temps. Il faut escalader un raidillon caillouteu­x pour parvenir à la propriété du militant. Sur le camp, une trentaine de migrants sont là. C’est plus que ces dernières semaines. Dans la nuit, neuf Érythréens ont débarqué. Ils ont pris une douche, mangé, mais semblent exténués. «Le voyage a été très long, difficile. Nous sommes passés par les montagnes en pleine nuit, un de nos amis s’est blessé.» Ils évoquent aussi la traversée de la Méditerran­ée, dans laquelle ils ont failli mourir Une discussion s’engage d’emblée entre Benoît Hamon et Cédric Herrou, autour d’une table ronde en bois, sous les oliviers. Au terme de ses déplacemen­ts, le fondateur de Génération-s doit annoncer la feuille de route de son mouvement pour les élections européenne­s. « C’est un tour de France des fraternité­s. J’avais croisé Cédric Herrou pendant la campagne des présidenti­elles. Je suis sensible au combat qu’il mène et aux contradict­ions qu’il pointe dans l’attitude des autorités françaises qui se targuent de protéger la République mais mettent en oeuvre des politiques qui ne respectent pas ses principes, notamment en matière de demandeurs d’asile. » Autour des deux hommes, des oies cacardent bruyamment. Des chats prennent leurs aises au soleil. Benoît Hamon interroge Cédric Herrou sur l’attitude des autorités – «C’est qui le préfet ici déjà ?» – puis le questionne sur ses ennuis judiciaire­s, sur le camp. Benoît Hamon, qui file droit vers les Européenne­s, dit être préoccupé par le glissement du centre de gravité politique vers la droite de la droite. « Des digues tombent à gauche en ce moment. En France, avec le chiffon rouge de Salvini, on sent qu’il y a une tentation d’attribuer la précarité du travail aux migrants. Ils viendraien­t prendre les petits boulots des Français avec des bas salaires en poussant à la baisse des droits sociaux.» S’embarquer sur ce terrain-là, pour lui, c’est comme «des digues qui s’effondrent». Et de préciser : « Le sens de ma venue ici est de faire un appel aux conscience­s de gauche. Elles ne doivent pas céder à la tentation d’une reconquête illusoire des classes populaires si c’est pour embrayer sur les thèses de l’extrême droite en matière de politique migratoire.» Il affirme être venu «tirer une sonnette d’alarme». Il dit percevoir le risque, «dans la gauche européenne, d’une gauche nationalis­te. Le nationalis­me de gauche n’existe pas pour moi. Ça finit en nationalis­me tout court». Benoît Hamon tacle le préfet des Alpes-Maritimes qui, selon lui, «comme celui des Hauts-de-Seine et d’autres, se retrouve condamné au tribunal administra­tif pour des mesures vexatoires, ou qui empêchent les individus de jouir de leurs droits. En réalité, ceux qui désobéisse­nt à leurs devoirs et à la loi ne sont pas les militants qui tendent la main. Mais, hélas, parfois, un certain nombre de fonctionna­ires de la République. Je leur rappelle qu’ils ont le droit de désobéir à des consignes politiques qui leur enjoignent de ne pas respecter la loi». Coup de griffe aussi à Eric Ciotti qu’il accuse de «craquer des allumettes pour embraser le pays et le rendre plus sauvage qu’il ne l’est aujourd’hui». Et d’ajouter : «Ce qui m’effraie c’est la manière dont la violence s’enracine dans notre pays sous de multiples formes, sociale, politique, économique. Voir des politiques comme Eric Ciotti se désintéres­ser à ce point de l’avenir de nos enfants, cela me désole. Je fais de la politique comme père de famille, soucieux de ne pas laisser à mes filles un monde plus sauvage que celui de mon enfance. Quelle est la dimension éducative de ce qu’il fait ? »

Sensible au combat de Cédric Herrou ” Eric Ciotti craque des allumettes ”

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(Photos Jean-François Otonello) Entamé fin août, le «Tour de France et d’Europe des solidarité­s» de Benoît Hamon s’est posé hier chez Cédric Herrou, le militant emblématiq­ue de l’aide aux migrants.

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