Quand l’acné touche l’adulte Soins
Les adolescents n’ont pas le monopole de l’acné. Une femme sur 5 et un homme sur 20 en souffrent après l’âge de 25 ans. Pas de traitement miracle mais un panel de solutions efficaces
Acné et adolescence. Deux mots indissociables dans l’inconscient collectif. Et pourtant, nos ados ne sont nullement les seuls à mener une lutte désespérée pour en finir avec ces boutons disgracieux qui mettent à mal l’estime de soi, en ayant le mauvais goût d’éclore dans des zones offertes au regard des autres : visage bien sûr, menton en particulier, cou, décolleté… «On pense souvent que seuls les adolescents sont touchés, confirme le Dr Abdallah Khemis, dermatologue. En réalité, l’acné peut parfois se prolonger au-delà de l’adolescence voire apparaître pour la première fois à l’âge adulte ; 20 % des femmes et 5 % des hommes de plus de 25 ans en sont ainsi affectés à des degrés divers » Et ils le vivent tout aussi mal que les plus jeunes générations. « De la même manière que l’acné juvénile est associée à un absentéisme accru au collège ou à l’université, l’acné à l’âge adulte est un motif d’arrêt de travail; aller au travail avec des boutons d’acné comme une ado de 15 ans représente une véritable épreuve. »
Les formes légères à modérées les plus difficiles à soigner
Si le mécanisme de l’acné chez l’adulte n’est pas complètement décrypté, on retrouve les mêmes facteurs de risque que pour l’acné juvénile. Parmi lesquels le stress, la malbouffe, le tabac, le soleil et surtout l’hérédité. « Cinquante pour cent des femmes qui déclenchent des poussées d’acné à l’âge adulte présentent des antécédents familiaux d’acné. » Un dérèglement hormonal représente une autre cause possible. «L’acné peut être associée à une hyperandrogénie [excès d’hormones sexuelles mâles, ndlr]. Dans ce cas, les patientes se plaignent aussi de chute de cheveux, de pilosité, de troubles du cycle menstruel, de prise de poids… Lorsqu’une hyperandrogénie est mise en évidence, la prise en charge doit être multidisciplinaire et associer endocrinologues, dermatologues, gynécologues. » Fait moins connu, l’acné peut aussi trouver son origine dans la prise de médicaments. « Certains, comme la cortisone, le lithium… peuvent induire de l’acné. D’où l’importance de signaler à son médecin les traitements en cours. » Dernier facteur de risque bien identifié : une contraception mal adaptée. « Si une pilule bien adaptée peut améliorer l’acné, mal adaptée, elle l’aggrave ! », met en garde le dermatologue. Concernant les traitements, le Dr Khemis rappelle qu’ils diffèrent sensiblement selon la sévérité de l’affection. « Contre les formes très sévères, assez rares (moins de 10 % des cas), des cures de 6 mois de rétinoïdes (Roaccutane, etc.) sont très efficaces chez 75 à 80 % des patients. Elles ne peuvent toutefois être prescrites qu’après échec d’au moins deux cures de traitements systémiques [à base d’antibiotiques comme des cyclines, ndlr].» Paradoxalement, les formes légères à modérées d’acné (pour lesquelles ces médicaments ne peuvent être prescrits) sont de l’avis même du spécialiste les plus difficiles à traiter. Par faute de médicaments ? « On est plutôt confrontés à un problème de compliance, regrette le Dr Khemis. Les personnes manquent de patience, de persévérance, elles ne prennent pas leur traitement régulièrement… »
Bientôt des biothérapies ?
Plusieurs traitements locaux sont disponibles, les plus utilisés étant les préparations à base de peroxyde de benzoyle (en vente libre en pharmacie) et de vitamine A. « On peut aussi prescrire des antibiotiques oraux, des cyclines en particulier, sauf en été [la photosensibilité est un effet indésirable connu des cyclines, ndlr]. Un peeling spécifiquement adapté à l’acné et réalisé par un dermatologue peut aussi être envisagé», énumère le Dr Khemis. Plus récemment, et grâce aux recherches ayant mis en cause une bactérie, des solutions nouvelles ont enrichi récemment l’arsenal contre l’acné : le traitement par photobiomodulation. « On associe la photothérapie par LED avec une longueur spécifique et un produit qui va entrer en contact avec les microbes et les détruire.