Monaco-Matin

« Joueurs de foot, on était les rois des crétins »

- FRANÇOIS PATURLE ET VIVIEN SEILLER

Michel, si vous deviez ne retenir qu’un seul de vos coups-francs ? Vous savez les conneries qu’on raconte. Mon meilleur coup franc, c’est le prochain que je vais marquer. Il sera où? Là-haut, peut-être (il montre le ciel).

Cette équipe de France des années - a fait rêver tout un pays... De l’intérieur, en capitaine, c’était comment ? J’ai connu l’équipe de France de Marius Trésor, Henri Michel et j’ai fini avec les Boli, Jeannol, en passant par les Giresse, Tigana, Genghini, Rocheteau...  ans d’équipe de France (-), je me suis éclaté. C’était les génération­s des sélectionn­eurs Michel Hidalgo et ensuite Henri Michel. L’ambition numéro  c’était de bien jouer au ballon et de faire plaisir au public… Aujourd’hui, on est plus dans les enjeux. Nous, on était plus dans le jeu, dans la popularité de ce sport. Donc, ce furent des moments magnifique­s. On a essayé de gagner les matches que l’on a joués, on ne les a pas forcément tous gagnés, mais on en a gagné beaucoup. Voilà, je me suis bien fait plaisir, avec de belles équipes, je me suis régalé. Tout ce que j’ai fait, je me suis éclaté, donc je suis content.

Quand vous marquez ce but du - contre le Portugal en demifinale de l’Euro  à Marseille, c’était extraordin­aire ? Ben oui, on va en finale de l’Euro qu’on organise… On gagne. Une première pour la France. C’était quelque chose d’énorme pour nous, et de nouveau. Je pense que cela a servi de base aux génération­s d’après, qui ont pas mal gagné, dont l’équipe de France cette année, dont vous vous êtes un supporter car vous êtes beaucoup plus jeune (il s’adresse à Vivien Seiller).

Donc, justement, votre avis sur le sacre de Russie ? Je pense que la France était la plus complète des équipes à la Coupe du monde. Ça ne fait pas tout pour gagner, il faut que ça tourne bien, que le ballon tourne du bon coté. Vous savez, à partir des c’est quatre matches, ça ne tient à pas grand-chose, un poteau, une lucarne, deux centimètre­s... Mais la France avait les moyens de ses ambitions. Je n’ai pas vu une meilleure équipe que les Bleus sur le tournoi. Vous savez, quand vous jouez avec les minimes de Joeuf, en finale de la Coupe de Lorraine, vous jouez un match de légende. Chaque match que vous disputez pour quelque chose qui vous tient à coeur, c’est toujours un match de légende. Après, quand vous jouez un match de championna­t contre Marseille et Saint-Etienne et que vous avez  ans, c’est un match de légende. Et après, quand vous jouez à Guadalajar­a contre le Brésil, ça devient un match de légende, parce que le match est beau. On a toujours pratiqué pour se faire plaisir et au moins, on essayait de bien jouer. À mon époque, quand on avait - ans, quand il fallait demander un papier à la mairie et dire que l’on était footballeu­r, on vous répondait, mais non, ça c’est votre hobby, c’est quoi votre vrai métier ? Le footballeu­r, c’était le roi des crétins. On était là pour donner à notre sport de la crédibilit­é, de la beauté, comme pour les Espagnols, les Argentins, les Brésiliens, où il y avait une ferveur. En France, on en était loin. On y croyait, on avait l’amour du jeu.

Après Kopa, Platini, Papin, Zidane, on n’a jamais été aussi proche d’un ballon d’or français cette année. Vous penchez plutôt pour Griezmann ou Mbappé ? Je n’ai pas d’avis à ce sujet... Je ne peux pas vous dire.

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Les anciens vous diront qu’on n’a peut-être pas vu un match de légende comme le France-Brésil de  à Guadalajar­a ....

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