«Je suis départementaliste»
Charles-Ange Ginésy fêtera samedi sa première année à la tête du Département. Une collectivité qu’il inscrit dans une triple solidarité « territoriale, sociale et fiscale »
Le 15 septembre, cela fera un an que Charles-Ange Ginésy est devenu président du conseil départemental, en remplacement d’Eric Ciotti qui, touché par la loi sur le non-cumul des mandats, a préféré rester député. Toujours conseiller départemental et responsable de la commission des finances, l’ancien président demeure toutefois extrêmement présent. Son successeur ne semble pas s’en émouvoir et trace son sillon sans souci excessif de la reconnaissance médiatique.
Quels projets avez-vous déjà concrétisés depuis un an ? Il y a d’abord eu l’aboutissement de projets engagés de longue date, comme la livraison du collège de Pégomas, dont je ne peux revendiquer la paternité. Il s’inscrit dans la continuité du plan Collèges avenir, initié par mes prédécesseurs. J’ai, quant à moi, pris la décision de lancer le collège des Campelières, qui sera livré dans deux ou trois ans à Mougins. Notre deuxième action structurante concerne les routes départementales qu’il faut améliorer, les points noirs étant multiples. Nous avons mené une action concertée avec le prince Albert II pour la réouverture de la bretelle de Beausoleil, on travaille aussi sur la bretelle de La Bocca. Nous allons poursuivre les efforts pour oxygéner le réseau routier. Nous continuons, par ailleurs, à déployer la fibre optique, pour que toutes les communes des Alpes-Maritimes bénéficient du haut-débit en . Enfin, nous avons lancé en un plan volontariste de vingt millions d’euros sur trois ans en faveur des EHPAD, pour accélérer les travaux dans sept établissements, à Contes, Gorbio, Puget-Théniers, Nice, Villefranche, Cannes et Peille. Le social n’était pas mon sujet de prédilection auparavant, mais je dois dire qu’il me passionne désormais. Je cherche à accompagner le vieillissement dans les meilleures conditions. Ça passe par les EHPAD, mais il ne sont pas une fin en soi. Nous avons lancé l’aide aux aidants et, à Antibes, un accueil pour personnes âgées sous forme d’hôtel, qui leur permet de vivre en restant indépendantes, tout en bénéficiant de la surveillance humaine et technique nécessaire.
Comment avancent vos deux bébés, smart deal et green deal ? Les deux sont très imbriqués. Concernant le smart deal, on continue à livrer les tablettes numériques aux collégiens et on va initier un projet, Les Alpes-Maritimes pour et par les collégiens, afin qu’ils connaissent mieux leur département et se l’approprient. On va aussi créer à Sophia une maison de l’intelligence artificielle, qui est le challenge de demain. Nous avons enfin un projet de plateforme commune de gestion des risques naturels. Concernant le green deal, le parc marin de Théoule est venu s’inscrire dans la continuité des vingt-et-un parcs départementaux terrestres. Nous avons planté au large d’Antibes des bambous pour empêcher que la mer ne continue à gagner dix centimètres par an sur le rivage. Et, présidé par Louis Bodin, le journaliste météo, le comité d’experts du green deal va dégager trois projets en faveur de l’environnement. Nous devons être en pointe sur ce défi majeur.
Vous venez d’annoncer une baisse de % du taux de la taxe sur le foncier bâti pour . Vous pourrez maintenir en parallèle les investissements ? Oui, ils seront maintenus au même niveau qu’en , à hauteur de M€. Cela, malgré les quinze millions qui seront rendus aux contribuables. Grâce à Eric Ciotti, notre maison s’est assainie ces dernières années sur le plan financier, c’est ce qui nous permet cet exercice. Rendre M€ à l’économie, ce n’est pas rien. Le contribuable, mais aussi les entreprises et les bailleurs sociaux vont en profiter. Le Département, c’est la solidarité territoriale, sociale et, désormais, fiscale.
Où en est le Département de sa lutte contre la fraude au RSA ? Notre traque porte ses fruits. Il y a de moins en moins de tricheurs et davantage de réinsertion : % des personnes qui arrivent au RSA dans le en sortent aujourd’hui en moins de douze mois. Nous sommes le seul Département de la Région où les allocataires ont baissé. Nous avons récupéré , millions de RSA indûment versés. Notre réputation de sévérité fait son effet. En , nous avons atteint un pic à amendes. Au août de cette année, nous n’en sommes qu’à . Mais ce n’est pas le bâton à tout prix. Tous les retraits sont justifiés et on gagne tous les recours. On a ouvert en parallèle des centres de réinsertion. Le dispositif Flash emploi, qui part du principe que les premiers jours sont capitaux pour la réinsertion, propose un accompagnement intensif, un véritable coaching pendant trois mois. Deux mille personnes en ont bénéficié en et, au vu des résultats, le nombre de places a été doublé en . Nous consacrons près de millions par an à la réinsertion des allocataires du RSA.
Christian Estrosi vous a invité au dialogue sur une éventuelle fusion Métropole-Département, sur la base de ce qui s’est fait à Lyon. Qu’en pensez-vous ? Je suis ouvert à la discussion. Le Grand-Lyon date de . Pour avancer sur des bases claires, il faut voir quel est le bilan de la Métropole lyonnaise. Or, j’entends tout et son contraire. La France aurait besoin d’une politique d’évaluation plus précise. Je suis profondément départementaliste, je suis tombé dedans petit, et tout aussi attaché à la notion de commune, qu’il ne faut surtout pas gommer. Le Département a fait preuve de sa fiabilité depuis sa création. Ce qu’on construit aujourd’hui ne doit pas l’être pour Estrosi ou Ginésy, mais pour inventer un modèle qui dure. Je sais que Christian Estrosi est très attaché aux communes du haut-pays. Il faudra que ses successeurs le soient aussi. Nous devons, en tout cas, opter pour un système qui les protège.
Eric Ciotti, président de la commission des finances du Département, reste toujours omniprésent. Parvenez-vous à vous sentir pleinement le patron ? Je suis pleinement président, je ne fais pas les choses à moitié. Je me réjouis de la présence à mes côtés d’Eric Ciotti, avec lequel j’ai toujours été en phase et dont je profite du savoir-faire. Mais je me sens totalement libre d’initier mes politiques. Ça ne me fait pas plaisir de voir deux hommes (Estrosi et Ciotti, ndlr) se battre comme ils le font, mais moi je suis le garant de la pérennité et de la sérénité du Département. Et surtout de son efficacité. Même si je n’apparais pas toujours sous la rampe des médias, je suis un président à temps plein !
Le octobre sera élu le nouveau responsable de la fédération LR azuréenne. Pour une clarification, aimeriez-vous que le président sortant, Christian Estrosi, soit candidat face à Eric Ciotti ? Je n’ai aucun souhait à avoir. J’ai choisi de soutenir Eric Ciotti qui porte les valeurs que j’aspire à voir défendues. Je ne suis pas le conseiller de Christian Estrosi.