Affaire Benalla: le chef de cabinet «assume»
François-Xavier Lauch, supérieur hiérarchique direct d’Alexandre Benalla jusqu’au licenciement de ce dernier le 19 juillet, a été entendu hier par la commission d’enquête du Sénat. Vingtième audition sénatoriale, dans cette très médiatique affaire qui a écorné la présidence Macron cet été. Le général Eric Bio-Farina, commandant militaire de la présidence, et Maxence Creusat, commissaire à la préfecture de police de Paris, ont été entendus par la suite. Objectif: faire la lumière sur le fonctionnement de l’Etat. «M. Lauch occupe une fonction extrêmement importante : chef de cabinet du président de la République », a rappelé Philippe Bas, président de la commission d’enquête A 36 ans, l’ex-directeur de cabinet du préfet du Var (2010-2012), puis des Alpes-Maritimes (2015-2017), était entendu pour la première fois par des parlementaires dans ce cadre. « Le président de la République m’a autorisé à venir devant vous », a-t-il indiqué d’emblée, suscitant des murmures dans la salle. Calme, concentré, lunettes studieuses, parfois hésitant au début, l’énarque, fidèle à lui-même, s’est dans l’ensemble montré clair, précis, souriant parfois, et déterminé à justifier son action durant 1 h 45 de questionsréponses. Extraits choisis (Photo AFP)
« Chef d’orchestre » à l’Elysée
« Ma fonction revient à celle d’un “chef d’orchestre” des services de l’Elysée pour l’agenda et les déplacements. A mon arrivée, j’ai recruté M. Benalla en tant que chargée de mission. Il était très précis dans ses fonctions. Jamais aucun préfet ne s’est plaint. Tout ce que j’ai fait en tant que chef de cabinet, je l’assume ! »
« Choqué » par les violences
«Le1 mai, j’étais en Nouvelle-Calédonie pour préparer le déplacement du Président, une première à Nouméa dans l’histoire de notre République. J’ai été informé des faits le 3 mai. Patrick Strzoda [le directeur de cabinet, ndlr] m’a immédiatement informé de la sanction prise ; je ne pouvais qu’y souscrire. » « En voyant la vidéo, j’ai été choqué. M. Benalla, à l’évidence, a agi en-dehors de ses fonctions. Je l’ai appelé immédiatement et fermement sermonné. Il s’agit d’un comportement individuel fautif. Il appartient à la justice d’établir les responsabilités des individus poursuivis. »
« Il fallait marquer le coup »
« Eu égard à ce qui s’est passé, il était évident qu’il ne pouvait plus exercer ces fonctions. Nous avons donc décidé de lui retirer la préparation des déplacements du président de la République. Je le lui ai notifié oralement. Ce n’était pas une décision facile à prendre, car mes équipes sont petites. Il l’a très mal vécu. Mais il fallait “marquer le coup” vis-à-vis de l’intéressé. C’est une mesure extrêmement forte ! Nous nous y sommes tenus. »
Des fonctions outrepassées ?
« Je peux vous assurer que M. Benalla n’a pas exercé de mission de police! Si je l’avais constaté, il aurait été fermement sermonné. (...) Il n’a jamais été question d’une garde prétorienne à l’Elysée. » (1) Retrouvez notre synthèse complète de son audition en version abonnés sur nicematin.com Le député LREM Richard Ferrand a été élu président de l’Assemblée nationale, hier, par 254 voix sur 484. Le chef de file des députés la République en marche était assuré de l’emporter, du fait de la nette majorité dont dispose le parti présidentiel (312 députés sur 577). Parmi les quatre autres prétendants au perchoir, Annie Genevard (LR) a récolté 95 voix et Marc Fesneau (MoDem) 86 voix, a annoncé à la tribune de l’Assemblée (Photo MaxPPP)
la vice-présidente Carole Bureau-Bonnard, qui présidait la séance.