Monaco-Matin

L’idylle d’une idole

Le retour de Ben Arfa à l’Allianz ravive les souvenirs de la saison 2015-16, la meilleure dans la carrière du milieu offensif de 31 ans (17 buts, 6 passes en L1). Ses anciens coéquipier­s retracent son passage à l’OGC Nice et livrent les clés d’un mariage

- WILLIAM HUMBERSET

Il y verra forcément un clin d’oeil du destin. A la sortie de deux années compliquée­s au Paris Saint-Germain, Hatem Ben Arfa veut se relancer au Stade Rennais. Et son premier rendez-vous pourrait le mener vers Nice et l’Allianz Riviera, terre de la plus belle saison de sa carrière (17 buts, 6 passes en L1). Avec une quatrième place collective à la clé. « Ce n’est pas impossible qu’il soit dans le groupe, il est à dispositio­n. On va attendre la dernière séance demain », a expliqué Sabri Lamouchi, son entraîneur, hier en conférence de presse au sujet d’un élément qui n’a repris l’entraîneme­nt qu’au début du mois après plus d’un an sans compétitio­n. « Je le trouve mieux cette semaine que la semaine dernière, a poursuivi son nouveau coach. Mais ce n’est pas parce que c’est Nice et Paris qu’il doit disputer les matches. »

Koziello : «Le joueur que le club et la ville attendaien­t depuis des dizaines d’années »

Pour rien au monde Hatem ne manquerait pourtant ce retour dans son jardin. Quitte à l’aborder sur le banc. Ça lui rappellera­it Nice-Troyes (29e journée, 21), le seul match débuté à l’Allianz en tant que remplaçant. L’idole était blessée depuis trois matchs, l’idylle était brisée. Le Gym, 5e, ne gagnait plus depuis un mois. « Ce n’est pas anodin si ce coup de moins bien entre février et mars a coïncidé avec son absence, rembobine Vincent Koziello. Heureuseme­nt qu’il n’a pas été blessé plus longtemps. On parle beaucoup de ses dribbles, ses buts, ses différence­s. Mais il avait aussi un autre impact sur notre jeu. C’était le joueur que le club et la ville attendaien­t depuis des dizaines d’années. Il a été constant sur toute la saison, ce qui lui a permis de retrouver la sélection alors qu’il partait de loin. Et un Niçois en équipe de France, ça faisait un bail qu’on n’en avait pas vu. » «Hatem et Mario (Balotelli) sont les plus grands joueurs avec lesquels j’ai joués. C’est un truc de malade de les avoir côtoyés à l’OGC Nice, » hallucine encore Paul Baysse. Le pari semblait pourtant osé en janvier 2015, lorsque Nice contacte le milieu de 28 ans en rupture de contrat à Hull City. « Il s’était entraîné avec ceux qui n’étaient pas retenus, j’en faisais partie, contextual­ise Koziello. J’étais un gamin, pas encore pro. Quand tu vois arriver Hatem Ben Arfa, tu crois rêver. Et quand il ne signe finalement pas (un match avec les jeunes de Newcastle l’empêchait de signer dans un 3e club en un an NDLR) , on se dit que les choses reviennent à la normale. » Tenaces, Jean-Pierre Rivère et Julien Fournier insistent l’été suivant. « Et ils le font revenir au début de la prépa physique, ce qui a été très important, assure le milieu de Cologne. Le reste n’est que du bonheur avec ce joueur qui est dans la vie comme sur le terrain : il ne se prend jamais la tête. » Déjà auteur de 4 buts et une passe jusque-là, Hatem crève l’écran à Saint-Etienne lors de la 8e journée. « Il fait un match de fou, se souvient Baysse. Il fait un slalom de malade sur son premier but et derrière, il signe le doublé d’une sublime reprise de volée du pied droit. » « C’est le match qui nous a fait connaître du grand public, embraye Koziello. On jouait bien depuis le début de saison, on sortait d’une belle victoire à Bastia (1-3) et d’un 6-1 contre Bordeaux. Mais là c’était à Saint-Etienne, à 21 heures sur Canal Plus, et tout le monde a vu une performanc­e digne d’un très grand joueur. Des joueurs capables de dribbler quatre défenseurs avant de marquer, ça se compte sur les doigts d’une main. »

Baysse : « J’étais prêt à courir deux fois plus pour lui »

Et le week-end suivant, le Gym et Hatem enchaînent sur Canal... A Rennes. De nouveau 4-1 avec un but d’Hatem. « On se demandait combien de temps ça pouvait durer, atteste Baysse, aujourd’hui défenseur du SM Caen. Mais il se sentait tellement bien à Nice que finalement, il a fait ça toute la saison. » Avec en point d’orgue un triplé sur un penalty, une frappe du droit et un tir du droit lors de la 33e journée... contre Rennes encore ! (3-0) «Son match le plus abouti à Nice », selon Vincent Koziello, passeur décisif sur le deuxième but. «Si les Rennais l’ont pris, c’est parce qu’ils se souvenaien­t de tout ce qu’il leur avait fait », rigole Baysse. Avant de livrer les clés de la réussite de Ben Arfa à Nice. « Les qualités, il les avait déjà et il les a toujours. Lui manquait le contexte idéal, ce que Nice lui a donné. Avec un bon groupe, un entraîneur qui savait le gérer, des dirigeants et un public qui l’aimaient. Il avait trouvé une complicité avec Claude Puel, qui acceptait qu’il ne se donne pas à 100% à l’entraîneme­nt. Le vestiaire aussi. Même s’il ne faisait pas les efforts défensifs en match, il savait qu’on allait faire le boulot pour lui. Moi le premier, j’étais prêt à courir deux fois plus pour un mec capable de te mettre près de vingt buts dans une saison ! S’il n’a pas voulu revenir à Nice, c’est peut-être pour ne pas prendre le risque de gâcher cette saison référence. Trois ans après, il n’était pas sûr de retrouver ça. » « Déconneur » et animé par le « plaisir de jouer au foot», Hatem n’a pas «été aidé à Paris» selon Koziello. « Il faut être lucide, il n’avait rien à faire avec nous. Aller à Paris, un très grand club, qui plus est de sa région natale, devait lui apporter la reconnaiss­ance que son talent mérite. J’ai été très frustré pour lui. Et j’espère qu’il retrouvera le bonheur à Rennes. Mais pas dès ce weekend de préférence...»

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Ben Arfa avait inscrit  buts contre Rennes en championna­t. (Photo S. B.)
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