Un dernier tour de Monaco avec Rainier III
En , le colonel Fringant est dans les coulisses du pouvoir à un moment particulier de l’histoire du pays. La mort du prince Rainier III et la montée sur le trône du prince Albert II. À cette époque, Luc Fringant, chef de corps de la compagnie des carabiniers, fait partie du premier cercle autour du souverain malade et diminué. « Je le voyais décliner, souffrir, j’essayais de le rassurer. Les voyages étaient compliqués physiquement pour lui et je l’assistais comme son homme de compagnie. Même si son état de santé laissait anticiper ce que serait l’avenir, sa disparition a été un moment
extrêmement difficile », se souvient-il. À l’aube, le avril , alors que le prince vient de rendre son dernier souffle au Centre cardio-thoracique, les officiers de carabiniers sont chargés de ramener la dépouille du souverain au Palais princier. Un moment tout particulier dont Luc Fringant se souvient avec une émotion à fleur de peau. « Nous avions aménagé un véhicule banalisé pour transporter son corps dans un linceul jusqu’au Palais. Au moment de sortir du Centre cardiothoracique, d’emprunter l’avenue d’Ostende à droite pour rejoindre Monaco-ville, j’ai été pris d’une intuition et j’ai dit au chauffeur de prendre à gauche. Nous étions trois dans le véhicule ce jour-là et nous sommes les seuls à le savoir. Alors que le jour se levait, nous avons traversé Monte-Carlo jusqu’aux plages, puis le port, et nous avons regagné le Rocher. À l’intérieur du véhicule, nous pleurions tous les trois en remerciant le prince grâce auquel nous avons pu offrir une belle vie à nos familles », continue Luc Fringant, encore bouleversé. « Nous avons offert au prince, ce matin-là, un dernier tour de sa principauté avant qu’il ne rejoigne le Rocher pour l’éternité. »