Monaco-Matin

CHRISTIANE : « JAMAIS JE N’AURAIS PU PENSER... »

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C’est une petite dame née voilà soixanteci­nq ans à Saint-Laurent-du-Var. Plus pudique que timide, elle raconte, sans pour autant pleurer sur son sort, la descente aux enfers qui la conduit à solliciter chaque semaine l’assistance du Secours populaire. « Jamais je n’aurais pu penser qu’une chose pareille pourrait m’arriver», dit Christiane en ajoutant dans un souffle : « Ça fait même un peu honte. » Son compagnon est mort l’an passé. Après vingt-cinq ans de relation. Entre eux, pas de Pacs, encore moins de mariage. Et pour cause: « J’ai appris quasiment à la fin qu’il n’avait jamais divorcé de sa première femme.» Zéro réversion. Pas un sou de pension. Christiane, qui était aide-ménagère, touche à peine  € de retraite. «Quand on était deux, c’était plus facile. Il m’aidait, on s’en sortait. Toute seule, avec  € de loyer, même si j’ai  € d’APL, c’est impossible. Je n’ai pas droit à la CMU. Quand j’ai payé le gaz, l’électricit­é et la mutuelle, pour manger, je n’y arrive pas. » Ses amis ne savent rien. Ses enfants non plus, qui sont loin d’ici. « De toute façon, ils ont leur vie à faire et ne pourraient sûrement pas m’aider. » Christiane n’échange même pas avec les autres bénéficiai­res de l’aide du Secours populaire: «Ça servirait à quoi? Tout le monde sait bien que si on est là, c’est parce qu’on est dans le même cas. » L’idée d’un plan pauvreté ne suscite chez elle qu’une très vague curiosité. « Je ne sais pas de quoi l’avenir sera fait. Ma vie s’arrangera peutêtre, mais ça m’étonnerait. »

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