Monaco-Matin

Un soutien aux villes moyennes

Ministre de la Cohésion des territoire­s, est aujourd’hui à Nice et à Grasse. Il défend l’action menée par le gouverneme­nt pour « rétablir le maximum d’équité territoria­le »

- PROPOS RECUEILLIS PAR THIERRY PRUDHON

Jacques Mézard, ministre de la Cohésion des territoire­s, portefeuil­le qui intègre le logement, est aujourd’hui dans les Alpes-Maritimes, notamment pour y signer une convention de rénovation urbaine avec le maire de Grasse. Il a évoqué avec nous les chantiers de son ministère, dont la loi Elan.

En quoi consistent les Actions Coeur de ville dont vous allez signer une convention à Grasse ? L’Action Coeur de ville est un dispositif que nous avons mis en place pour permettre aux villes moyennes de dynamiser leur centre-ville. Depuis le septennat de Valéry Giscard d’Estaing, aucune action spécifique n’avait été dirigée vers les villes moyennes. Or, nous avons besoin de centres-villes dynamiques entre les métropoles. Nous mobilisons ainsi cinq milliards d’euros d’ici à  pour accélérer ou lancer des projets dans deux cent vingt-deux intercommu­nalités et villes moyennes. Ce dispositif a pour spécificit­é d’être entre les mains des collectivi­tés : le comité de projet sera toujours piloté par le maire, le préfet étant là non pour direauxcol­lectivités­cequ’elles doivent faire, mais pour leur faciliter la tâche. Le NPNRU (Nouveau plan national de rénovation urbaine) concerne surtout la réhabilita­tion de deux cents quartiers d’intérêt national et deux cent cinquante quartiers d’intérêt régional situés dans de plus grandes villes, pour transforme­r les quartiers prioritair­es de la ville et permettre à leurs habitants de vivre dans un cadre digne et agréable. Nous venons de passer de cinq à dix milliards le budget qui lui sera consacré d’ici à .

La loi Elan sur le logement a embrassé tant d’aspects qu’on s’y perd un peu. Quels seront ses principaux effets concrets ? C’est, avant tout, une loi de simplifica­tion, destinée à accélérer les procédures : elle accélère le traitement des recours administra­tifs, restructur­e les bailleurs sociaux, crée le bail mobilité [d’une durée d’un à dix mois, ndlr] qui s’adapte aux nouvelles façons de vivre de nos concitoyen­s, plus mobiles qu’autrefois. Elle porte aussi des dispositio­ns pour lutter contre les marchands de sommeil et les copropriét­és dégradées, elle limite le nombre de normes pour faciliter la constructi­on de nouveaux logements…

Beaucoup de maires souhaitaie­nt l’abrogation de la loi SRU qui impose  % de logements sociaux, jugée trop contraigna­nte. Pourquoi l’avez-vous conservée ? La loi n’est pas encore votée [une commission mixte paritaire de députés et sénateurs est prévue le  septembre]. Ma position a toujours été de dire qu’il ne fallait pas toucher à l’ossature de la loi SRU, qui a permis ces dernières années d’augmenter fortement la constructi­on de logements sociaux, dont nous avons impérative­ment besoin. Mais il est vrai que certaines contrainte­s existent et le Parlement travaille pour trouver des adaptation­s qui facilitent le travail des collectivi­tés. Sachant que dans les collectivi­tés qui n’atteignent pas les objectifs, il y en a qui ont de légitimes raisons, environnem­entales par exemple, de ne pas les atteindre, et d’autres qui ne veulent juste pas construire de logements sociaux. Le jeu politique est une chose. Mais s’il existe des disparités, voire des iniquités territoria­les, ce n’est pas la conséquenc­e de la politique menée depuis un an. C’est la responsabi­lité de tous les gouverneme­nts qui se sont succédé. Le travail que nous faisons vise justement à rétablir le maximum d’équité territoria­le. C’est le cas avec le doublement du financemen­t du NPNRU et le fléchage de cinq milliards vers les villes moyennes, mais aussi avec l’accord passé avec les quatre opérateurs de téléphonie mobile pour lutter contre les zones blanches et le développem­ent de la fibre optique. Les maires ruraux se sentent malgré tout démunis, privés de moyens d’agir. Celui d’Aiglun, dans l’arrière-pays grassois, vient d’annoncer sa démission… Pour l’avoir été moi-même dans le Cantal, je sais les difficulté­s des élus locaux, qui exercent un véritable sacerdoce, alors que les attentes de nos concitoyen­s sont de plus en plus fortes. Le message que je fais passer partout est que le rôle de l’Etat est de faciliter le travail des élus locaux. Il est à leur écoute.

Quelle part prendra votre ministère dans la mise en oeuvre du plan pauvreté ? Plusieurs mesures ont déjà été prises qui s’y intégreron­t de fait, comme le dédoubleme­nt des classes de CP et CE en quartiers prioritair­es. Nous allons faciliter la création de trente mille places de crèche supplément­aires dans des territoire­s fragiles. Nous ouvrirons également d’ici à  deux cent soixante centres sociaux nouveaux et nous allons lancer une action spécifique de lutte contre l’exploitati­on des enfants à la rue.

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Et le NPNRU, dont bénéficie Nice ? Les opposition­s n’arrêtent pas d’attaquer le gouverneme­nt sur son mépris des territoire­s. Elles grossissen­t le trait ?

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