Monaco-Matin

« Il suffirait d’un peu de réussite... »

- PROPOS RECUEILLIS PAR G. L.

(Photo Eric Damagnez)

Assis sur la bagatelle de dix titres de champion du monde et huit triomphes au Bol d’Or, Vincent Philippe a mangé ces derniers temps pas mal de pain noir. Au guidon de la GSX-R numéro  qu’il partage avec Etienne Masson et Gregg Black, le pilote emblématiq­ue du Suzuki Endurance Racing Team espère atteindre enfin le bout du tunnel, ce week-end au Castellet.

Vincent, à  ans, abordez-vous ce Bol d’Or avec la même flamme que le premier, ici même, en  ? Disons que c’est un petit peu différent. Attention, la flamme n’est pas éteinte, loin s’en faut ! Motivation intacte. Mais les grandes performanc­es, les grands records, on les a réalisés. Aujourd’hui, ce que je veux, c’est faire une course solide. Avec l’ambition de ramener Suzuki au sommet à court ou moyen terme. Difficile de répondre. Chaque succès constitue un moment fort. Quand il y a une série (quatre à la suite, de  à , à MagnyCours, ndlr), on en prend presque l’habitude. Et puis quand ça revient ensuite après une pause, c’est encore plus beau. Alors, oui, je garde un souvenir à part de la dernière victoire en date, ici en  avec Anthony Delhalle (son coéquipier qui perdra la vie six mois plus tard après une chute lors d’une séance d’essais). Nous avions maîtrisé la course de bout en bout. Comme à la belle époque, celle où Suzuki était audessus du lot.

Après deux ans de disette, peuton dire que la machine à gagner du SERT est enrayée ? Elle l’a été, oui. Mais à présent, nous ne sommes plus si loin du compte. Cet été, en Allemagne et au Japon, on était dans le coup par rapport aux références actuelles. Il suffirait d’un peu de réussite pour que la roue tourne en notre faveur...

Vous avez essuyé plus de plâtres que prévu avec la nouvelle GSXR baptisée au Bol  ? Oui, on vient de traverser une saison très compliquée avec cette machine neuve. Pas mal de déboires, un peu de malchance... Clairement, le manque de roulage a ralenti le développem­ent. Depuis l’hiver dernier, on n’a fait aucun essai hormis deux petites journées à Suzuka et les tests pré-Bol. Donc c’est dur de travailler sereinemen­t. La moto a coûté très cher. Du coup, l’équipe doit composer avec un budget serré. Là, nous sommes toujours en train d’apprendre. Mais on progresse, on comble petit à petit notre retard sur les autres. Vous verrez, ça va finir par payer !

Que manque-t-il aujourd’hui ? Côté moteur, OK, la puissance est au rendez-vous, on peut s’appuyer là-dessus. Mais il y a aussi beaucoup de vibrations. Après, on verra comment évoluent les pneumatiqu­es. Au Japon, cette moto a été conçue, réglée, pour rouler avec des Bridgeston­e. Nous, on chausse autre chose (des Dunlop). Donc, on n’a aucune base de réglages, on peut difficilem­ent comparer nos données. C’est délicat...

L’objectif immédiat : retrouver le chemin du podium ou lorgnezvou­s carrément le sommet ? Au SERT, vous savez, nous visons toujours le top. Mais là, honnêtemen­t, avec les forces et les faiblesses qui sont les nôtres, on se contentera­it bien d’un podium. D’abord parce que ça fait plus d’un an que nous ne sommes pas montés dessus. Et puis parce qu’il faut un résultat positif pour bien se positionne­r d’entrée dans ce nouveau championna­t. Pas de fixette sur la victoire, donc, mais si elle nous tend les bras, soyez sûr qu’on prendra des risques pour aller l’embrasser...

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Laquelle de vos huit victoires au Bol trône en pole position ?

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