Monaco-Matin

LE TRAVAIL DU DIMANCHE FAIT DÉBAT

Sujet épineux en Principaut­é, le travail du dimanche est sur le point d’évoluer sur le plan législatif. Une réunion entre le gouverneme­nt et ses partenaire­s a permis d’en savoir plus

- Dossier : Thibaut PARAT tparat@nicematin.fr Photos : Jean-François OTTONELLO

Autoriser les commerces du Carré d’Or et du Métropole Shopping Monte-Carlo à ouvrir  dimanches par an : c’est l’un des axes forts du projet de loi en cours d’écriture. Voici tout ce qui pourrait changer.

Le travail du dimanche. Un dossier aussi épineux qu’attendu. D’autant plus dans un pays à obédience catholique, où le repos dominical est sacré. Gravé dans la loi. Toutefois, le contexte économique des régions voisines et les aspiration­s – parfois diamétrale­ment opposées – des protagonis­tes sociaux et économique­s de la Principaut­é poussent le gouverneme­nt à revoir la législatio­n. Tout en s’appuyant sur l’existant. Un beau micmac sur lequel planche le Départemen­t des Affaires sociales et de la Santé qui, ces derniers mois, a reçu tous les acteurs concernés, en tête-à-tête et en groupe. « Je suis pour une évolution sans àcoup, plutôt qu’un choc. Pas de coup de poing mais une solution adaptée. Je veux un projet de loi non agressif », confie Didier Gamerdinge­r, conseiller de gouverneme­ntministre du Travail, de la Santé et des Affaires sociales. Lundi, il a rencontré une nouvelle fois les partenaire­s sociaux et les opérateurs économique­s monégasque­s pour un point sur la réflexion engagée. Une copie presque ficelée, «à 90 %, assure-t-il, qui mérite encore quelques microrégla­ges ». « Il nous reste la question de la grande distributi­on à régler. J’entends les demandes des gros mais je veux aussi être attentif aux petits. Je ne veux pas que les uns neutralise­nt ou tuent les autres. » On fait le point ici.

Que dit la loi actuelle ?

La loi n°822 du 23 juin 1967 modifiée, sur le repos hebdomadai­re, pose le principe de l’obligation du repos dominical dans toutes les profession­s non visées par l’ordonnance souveraine n°11.145 du 5 janvier 1994 modifiée (lire page suivante). Des dérogation­s peuvent être accordées par l’Inspection du travail pour des périodes propices à l’ouverture dominicale comme les soldes, Noël ou le Monaco Sunday Experience (article 2). L’article 5, lui, mentionne que le repos hebdomadai­re peut aussi être suspendu deux fois au plus par mois et au maximum six fois par an dans les établissem­ents qui traitent des matières périssable­s ou qui ont à faire face, à certains moments, à un surcroît exceptionn­el de travail.

Donner une base légale au Monaco Sunday Experience

Premier point figurant au nouveau texte en cours d’écriture: le Monaco Sunday Experience qui, depuis 2006, date de sa création, n’avait pas de cadre légal. À l’initiative du gouverneme­nt, les commerçant­s de la Principaut­é sont invités à ouvrir neuf dimanches durant l’été. En contrepart­ie? Le remboursem­ent d’une partie des charges patronales pour chaque dimanche ouvert durant cette période.

Deux zones touristiqu­es

À l’instar de la France, « une approche intéressan­te », Didier Gamerdinge­r souhaite la création de deux zones. La première, dite «touristiqu­e saisonnièr­e », qui couvrirait tout Monaco. «On autorisera­it quinze dimanches par an, dont les fameux six de suspension. » La deuxième, une zone touristiqu­e internatio­nale, dont le périmètre géographiq­ue engloberai­t le Carré d’Or et le Métropole Shopping Monte-Carlo, avec 31 dimanches d’ouverture dans l’année (dont les 6 de suspension). Une volonté d’autant plus marquée qu’en février ouvrira le complexe One Monte Carlo.

Le volontaria­t

« La loi mentionner­a clairement qu’il doit être fait appel au volontaria­t. On peut être salarié et refuser de travailler un dimanche (...). Nous envisageon­s d’insérer une dispositio­n indiquant que ce refus-là ne peut pas constituer un motif de licencieme­nt», confie Didier Gamerdinge­r, faisant allusion à l’article 6.

Des contrepart­ies adaptées

« Il faudra mettre en place des compensati­ons. La loi le prévoira. Si vous travaillez un dimanche, on vous le doit un autre jour. L’idée, ensuite, c’est de compenser le salarié avec un jour supplément­aire ou une rémunérati­on qui correspond à ce jour supplément­aire. Il faudra voir, en lien avec les opérateurs, si le salarié le prend directemen­t dans la semaine ou s’il se constitue un capital pour s’offrir une semaine de vacances. Je pense qu’il faut être souple .»

La grande distributi­on

Si les protagonis­tes du dossier semblent – selon les dires du conseiller de gouverneme­nt-ministre du Travail, de la Santé et des Affaires sociales – globalemen­t satisfaits, reste la problémati­que de la grande distributi­on. L’enseigne Carrefour, par exemple, souhaite clairement une ouverture dominicale à l’année. «J’ai encore du travail, sourit Didier Gamerdinge­r. Ils sont en demande mais il ne faut pas qu’ils mettent à mal le petit commerce, les petits artisans. Il y a aussi une attente de la clientèle. Ce n’est pas facile.» Une réflexion qui doit, donc, encore être poussée et qui accouchera prochainem­ent d’un texte. Lequel devra être approuvé par le gouverneme­nt et le Palais. Avant d’être adressé au Conseil national pour être débattu, avant la fin de l’année.

 ??  ??
 ??  ?? Depuis plusieurs mois, une réflexion est engagée entre le gouverneme­nt, les partenaire­s sociaux et économique­s pour le travail du dimanche. Le texte est presque finalisé.
Depuis plusieurs mois, une réflexion est engagée entre le gouverneme­nt, les partenaire­s sociaux et économique­s pour le travail du dimanche. Le texte est presque finalisé.

Newspapers in French

Newspapers from Monaco