«À Bellet, on se bat pour la qualité et ça se sait»
Quelques bouteilles de Bellet feront probablement de l’oeil aux amateurs dans les travées de la grande distribution. Gio Sergi, le président de l’appellation, a luimême découvert récemment quelques-uns de ses flacons dans un hypermarché : « C’est un caviste de Saint-Laurent qui les avait rétrocédés… » Gio n’a rien contre les grandes surfaces. Simplement, il produit trop peu, et probablement à des prix trop élevés, pour s’intéresser à ce marché. Mais son jugement n’a rien d’assassin : « Des Bellet dans une foire aux vins, c’est un peu comme les grands crus du Bordelais. Un moyen de susciter la curiosité autour d’un produit rare, peu visible. » Il faut tout de même savoir que la seule AOC de Nice est vraiment une micro-appellation. Neuf producteurs, soixante hectares plantés… Le tout sur trois quartiers, Crémat, Saint-Roman-de-Bellet et Saquier. Pour ne rien arranger, si l’on peut dire (car la qualité en tire le plus grand bénéfice), le travail se fait en terrasses, la vendange demeure manuelle et le rendement est particulièrement contenu. Soit environ 25 hectolitres à l’hectare pour Gio, contre 40 autorisés. Ce qui explique des tarifs compris entre 15 et 30 euros en moyenne pour l’appellation, jugés excessifs par les consommateurs qui, parfois, n’ont jamais goûté un Bellet. « Souvent, les Niçois nous boudent. Mais on se bat pour la qualité et ça se sait», rappelle (F.L.) Gio Sergi en évoquant un élevage de douze mois obligatoire et donc une immobilisation coûteuse pour les vignerons. «Le prix s’oublie et la qualité reste », souligne un panonceau accroché au mur de son chais. « Oui, nos vins sont chers. Mais quand on s’offre un bordeaux au prix d’un Bellet, on n’a pas forcément bu un grand vin. »