Procès Pastor : « La messe est dite pour Janowski »
Les avocats du consul de Pologne de Monaco, après avoir critiqué les conditions de sa garde à vue, accusent la police d’être « l’avocat » de Pascal Dauriac
La marge de manoeuvre des avocats de Wojciech Janowski se réduit comme peau de chagrin à l’issue du quatrième jour du procès des assassins de la milliardaire Hélène Pastor et de son chauffeur survenu à Nice en 2014. Mardi, un commandant de la brigade criminelle avait rappelé que l’ex-consul de Pologne à Monaco, en larmes, avait avoué avoir commandité l’assassinat de sa belle-mère pour « sauver Sylvia, sa compagne ». Me Eric Dupond-Moretti et Luc Febbraro avaient tenté, sans succès, de démontrer que les aveux de leur client avaient été recueillis dans des conditions contestables. [lire par ailleurs]. Hier soir, c’est au tour de Bruno Lamade, l’enquêteur qui a interrogé Pascal Dauriac, le coach sportif de Janowski, d’être mis sur le gril. Le policier est tendu. Il sait qu’il est attendu au tournant. « Nous avons passé 96 heures ensemble, rappelle le policier. À la fin, marqué par la fatigue, M. Dauriac a avoué, comme soulagé d’un poids, prenant conscience de la gravité des faits. »
« L’enfant de choeur de l’accusation »
Le professeur de sport, qui vivait chichement à Èze, a expliqué qu’il avait cédé aux propositions criminelles de M. Janowski, «qui lui offrait des cadeaux et lui faisait miroiter une vie meilleure », précise l’enquêteur. Le lendemain de ses aveux, sur ses indications, une partie du contrat, 24 300 euros, était retrouvée
chez sa mère à Cagnessur-Mer. « Il explique que M. Janowski l’avait manipulé pendant des mois en lui brossant un portrait tyrannique de sa bellemère », complète l’enquêteur. Dauriac avait la charge de recruter un tueur avant la date butoir du 6 mai. Le 7, Hélène Pastor risquait de ne plus venir à l’hôpital l’Archet visiter son fils Gildo autorisé à rentrer à Monaco après sa convalescence. Me Gérard Baudoux, partie civile, avocat de Gildo PalancaPastor,
démine régulièrement depuis lundi les questions de la défense. Il intervient à nouveau : « En accusant Janowski, Dauriac s’accuse également. Aurait-il eu comme seul objectif de se dédouaner un peu ? » « Je ne pense pas. Dauriac voulait vraiment expier les fautes commises », répond l’enquêteur. Me Dupond-Moretti, les mains jointes pour marquer son exaspération, prend le témoin à partie : « Vous êtes policier ou avocat ? Si je comprends bien, Dauriac
vous a convaincu. Vous allez très loin. Il est affaibli, il est sous emprise. Il expie. Bref, La messe est dite. J’envie vos certitudes. Janowski dit forcément vrai quand il fait des aveux ? » Plus calme que mardi, le pénaliste revient néanmoins à la charge et poursuit la métaphore liturgique : « Pour vous, Dauriac, c’est l’enfant de choeur de l’accusation. »
L’avocat fait un aparté à l’adresse des jurés : « La police adore les accusateurs, elle les bichonne. Au point de ne pas s’attarder sur les contradictions de M. Dauriac. » Dauriac, racketteur de Janowski, serait le réel commanditaire ? Difficile à croire et a fortiori à démontrer.