Monaco-Matin

CONTRÔLES EN MER PENDANT LE YACHT SHOW

Le salon de la grande plaisance attire de nombreux bateaux venus mouiller dans les eaux territoria­les françaises, parfois au mépris de la loi. La brigade maritime de la police nationale veille au grain

- THIBAUT PARAT tparat@nicematin.fr

Le Monaco Yacht Show et ses somptueuse­s unités attirent de très nombreux bateaux dans les eaux territoria­les françaises, pas toujours en conformité avec la loi. Depuis mercredi, la brigade maritime de la police nationale effectue des contrôles et se montre sans pitié.

Sur les quais du port Hercule, c’est le grand déballage de luxe jusqu’à ce soir. À l’occasion du Monaco Yacht Show, 120 unités entre 25 et 90 mètres rivalisent de faste et de démesure. En marge de ce salon de la grande plaisance, bon nombre de navires de luxe (une soixantain­e, au bas mot) débordent hors des frontières maritimes de la Principaut­é. Et mouillent dans les eaux territoria­les françaises, principale­ment dans la baie de Roquebrune, à l’ouest du Cap-Martin. Parfois au mépris de la loi. Pas toujours là où il faudrait et pas forcément avec les équipement­s de sécurité à jour. Depuis mercredi, la brigade maritime de la police nationale de Menton et les Affaires maritimes patrouille­nt pour faire la chasse aux mauvais comportent. Zigzaguent entre les dizaines de yachts pour déceler les mauvais élèves.

Protéger l’herbier de posidonie

Jeudi, en présence de la sous-préfète Nice-Montagne, les trois agents du groupe de sécurité de proximité (GSP) ont même tiré le gros lot. « L’un des bateaux comptabili­sait cinq infraction­s: les fusées de détresse et les extincteur­s étaient périmés, il n’avait pas les papiers, et il mouillait dans la zone des 300 mètres ainsi qu’en zone naturelle », listent David, Fabien et Laurent. Hier encore, pendant deux bonnes heures, ces trois-là ainsi que deux agents des Affaires maritimes ont tâché de faire respecter à la lettre ce dernier point, régi par l’arrêté préfectora­l N°093/2018 du 24 mai 2018. « Les unités de plus de 20 mètres de longueur ont interdicti­on de mouiller dans une zone définie où se trouve l’herbier de posidonie. À l’est du Cap-Martin, c’est interdit lorsque la profondeur est inférieure à 20 mètres. A l’ouest, la limite est à 30 mètres de profondeur. Si tous les bateaux venaient dans ladite zone, l’herbier de posidonie serait mort », résume Axel Danssaert, chef de l’unité littoral des Affaires maritimes. « Les ancres sont tellement grandes et longues qu’elles peuvent faire de gros dégâts», complète David. Un procès-verbal d’audition est alors dressé et les fautifs convoqués ultérieure­ment à la direction des Affaires maritimes. Avec sanction, plus ou moins sévère, à la clef. Du simple rappel à la loi jusqu’au bannisseme­nt provisoire du capitaine dans les eaux territoria­les françaises, en passant par l’amende. Bien souvent, les capitaines et les propriétai­res du bateau plaident l’ignorance. Réelle méconnaiss­ance du code maritime ou tentative de filouterie ? Difficile à dire. «Avec le nombre de bateaux qui mouillent ici, on pensait qu’on pouvait le faire aussi. Comment peuton être au courant?», se justifie le propriétai­re d’un superbe voilier de 37 mètres. « Des publicatio­ns des Affaires maritimes existent et votre GPS, qui doit être mis à jour, indique la zone concernée par l’arrêté avec les profondeur­s », lui rétorquent les trois agents de la police nationale.

Infraction­s et attitudes différente­s

Pas de cadeau pour celui-là, au demeurant sympathiqu­e. Encore moins pour ceux qui jouent la carte de l’arrogance. «On est très bien reçu par certains mais d’autres sont très hautains, ne nous communique­nt pas d’emblée les bonnes informatio­ns. Pendant le Yacht Show, ce sont des interventi­ons différente­s que pendant la saison estivale durant laquelle on a plus affaire à des petits plaisancie­rs. Les infraction­s et les attitudes ne sont pas les mêmes », explique David. Hier, dix infraction­s ont été relevées. Durant l’une d’entre elles, l’agence française pour la biodiversi­té a même placé une caméra sous l’eau pour constater les dégâts lorsque l’ancre a été levée. Quel que soit le nombre de zéros sur le compte en banque, tous sont logés à la même enseigne. La protection de l’environnem­ent prévaut.

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(Photos Jean-Sébastien Gino-Antomarchi) Les agents de la brigade maritime de la police nationale de Menton dressent un procès-verbal d’audition pour un voilier en infraction, ne devant pas mouiller à cet endroit.
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L’opération s’est déroulée de concert avec les Affaires maritimes.

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