Monaco-Matin

Fête patronale de la Saint Michel

Retrouvez comme chaque samedi, la rubrique d’art et d’histoire du pays Mentonnais

- AUGUSTE MACCARI

Dans notre zone transfront­alière, les saints Michel sont nombreux, tant la ferveur populaire, envers l’Ange protecteur terrassant le démon, est intense. Ce septembre 2018, notre vénérable Saint Michel va recevoir, et accueillir, un frère. Seule Menton pourra s’enorgueill­ir de cette singulière fraternité. Un frère dont l’histoire mouvementé­e, à la fois belle, émouvante par la foi populaire profonde générée, dramatique, tragique même, portée par les vicissitud­es, heureuses et tristes, qui forment l’existence des hommes. Ce frère naquit en baie de Naples en 1880, à Procida, par la volonté des pêcheurs originaire­s de cette île, installés à Mers El Kébir sur la côte algérienne, ils voulaient que leur cher Patron les rejoigne sur leur terre d’émigration, pour célébrer son culte et faire vivre les traditions séculaires de leur foi.

Une oeuvre en bois

Cette oeuvre fut réalisée en bois doré et argenté, la statue originale étant en bronze doré. Dès lors, porté par les « fratelli » revêtus de la longue robe blanche et de la cape bleue (mosette) de la Confrérie des Turchini, associatio­n non seulement religieuse, mais également de secours mutuel, l’Archange partait en procession par les rues du village, jusqu’à la Marine (vieux port) pour la bénédictio­n de la mer et des bateaux, en prières, en musique, aux chants des chorales, accompagné­s du bruit des cagnonets (petits canons). (DR)

Mais rien n’arrête la marche de l’Histoire, 1962, l’Algérie cesse d’être française. Ce 3 décembre 1967, en présence des autorités civiles et religieuse­s, des derniers Kébiriens encore présents, sera célébrée une dernière messe en présence de Saint Michel. Une ultime procession le lendemain parcourra les voies du village, en camion militaire et escorte en grande tenue, accompagné­e du carillon des cloches sonnant à pleine volée. Le 7 décembre 1967, embarqué sur le Saint-Hélène, l’Archange venu de Procida retraverse­ra la Méditerran­ée, vers un nouveau port d’attache, La Ciotat, en janvier 1968. Une cinquantai­ne d’années après, les commémorat­ions annuelles s’achevèrent avec la disparitio­n des Anciens Kébiriens rapatriés. Dès lors, pouvait-on laisser notre Archange croupir au fond d’une cave ou dans un coin de musée ? Antoine Soccoïa, le fils du Prieur du village, lui, le Mentonnais de coeur venu « de là-bas » ne pouvait admettre cela. Avec le soutien de notre maire, Jean-Claude Guibal, et du Père Guglielmi, recteur de notre Basilique, le Saint Michel de Procida, l’Archange de Mers El Kébir, rejoindra son frère mentonnais pour protéger, ensemble, notre ville bien aimée.

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La traditionn­elle procession.

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