Monaco-Matin

Le chiffre 

- M. FAURE

Leonardo Jardim pourra toujours dire qu’il avait prévenu son monde. Fin juillet, peu de temps avant de s’envoler pour l’Asie afin d’y défier le PSG lors du Trophée des champions, le coach portugais avait dressé un premier bilan de sa présaison. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’ancien coach du Sporting sentait les difficulté­s arriver : « Nous allons connaître notre saison la plus difficile depuis mon arrivée. Mais pas uniquement en raison de notre stratégie ou du projet mais parce que nos adversaire­s sont plus costauds que les dernières années ». Une inquiétude qui s’est propagée au sein même de l’équipe première durant l’été, même si les signatures tardives de Henrichs et Chadli, fin août, ont permis à l’effectif d’être plus expériment­é. « Ça ne sent pas bon » , disait un membre du staff début septembre. Non pas que les joueurs savonnent la planche ou que le courant ne passe plus avec Jardim, mais le groupe a été, sans doute, trop modifié en l’espace de deux mercatos pour garder une compétitiv­ité immédiate. En l’espace d’un an, Jardim a vu partir Mendy, Fabinho, Bakayoko, Mbappé, Germain, Dirar, Bernardo Silva, Lemar et Joao Moutinho. Pour le moment, aucun n’a été vraiment remplacé. Et ceux qui sont restés n’affichent plus la même forme qu’en 2017 : Glik, Jemerson, Sidibé voire Falcao. Le Colombien est souvent l’arbre qui cache la forêt. Auteur de trois buts cette saison, il est passé à côté de son match dans le Forez, maladroit au possible. Et quand le capitaine est dans le dur - ce qui arrive quand on affiche bientôt 33 ans - personne ne prend le relais. « Ce n’est pas seulement ce soir. Depuis le début de la saison, c’est terrible pour nous, a soufflé l’attaquant colombien en zone mixte. On n’a pas réussi à avoir de l’efficacité, et on n’a pas non plus réussi à protéger notre but. » Dans un vestiaire rajeuni à outrance durant l’été, la confiance est en train de s’évaporer à mesure que les défaites s’enchaînent. « Certains cadres sont en train de craquer mentalemen­t, si on ne reste pas profession­nels, on peut casser le vestiaire, avance un joueur. Il faut y aller à petits pas, commencer par gratter un point ou deux. Il faut oublier le classement. Si Saint-Etienne a les mêmes occasions que nous, on termine à 6-0. Rien ne va actuelleme­nt, tout est contre nous ». Au sein du groupe, il y a des interrogat­ions qui cherchent également des réponses. Pourquoi Danijel Subasic met-il autant de temps à rejouer ? Que se passe-t-il avec Almamy Touré ? De quoi souffre Jovetic ? Des questions qui, en temps normal, n’auraient jamais empêché l’équipe d’avancer. En ce moment, le moindre grain de sable enraye la machine. «Onvit une situation catastroph­ique. Si on a l’ambition de jouer le podium, c’est qu’on est des malades mentaux », déclare un autre joueur. Certains ne comprennen­t pas comment la direction peut vendre, chaque été, des joueurs majeurs tout en espérant se maintenir dans le Top 3 français, sans recruter des éléments confirmés pour palier les (trop) nombreux départs. Panzo, Navarro, Geubbels, Pellegri, Diop, Isidor, Colina ou encore Bongiovann­i ont sans doute un brillant avenir devant eux mais ne peuvent et ne doivent pas être des solutions pour Jardim actuelleme­nt. A 18 ans, Sofiane Diop qui n’avait encore jamais joué en pro avant son arrivée sur le Rocher n’était pas programmé pour débuter autant de matches, si tôt, au sein d’un club qui ambitionne le podium tout en affrontant les médias pour éteindre une crise sportive. En résumé, on en demande déjà trop à des gamins qui n’ont pas choisi d’être sous le feu des projecteur­s. Reste la valeur refuge de Jardim : le travail. D’autant que le programme de la semaine à venir est copieux : Dortmund, mercredi, puis Rennes dimanche. « On est responsabl­e de cette situation. Il faut absolument rester ensemble » a simplement dit Glik. Comme un cri de détresse. Une seule bonne nouvelle pour Monaco, toutes les séries ont vocation à s’arrêter. Même les mauvaises. C’est la première fois depuis  que l’AS Monaco enchaîne sept matches de Ligue  sans la moindre victoire. Cette saison, Monaco n’a plus remporté le moindre succès depuis la première journée à Nantes ( nuls et  défaites). En , l’équipe du Rocher n’avait pas remporté la moindre rencontre entre la ème et la ème journée ( nuls et  défaites). Le « record » date de la saison - avec une série de  matches de championna­t sans victoire...

C’est terrible depuis le début de saison... ” Si, aujourd’hui, on ambitionne de jouer le podium, c’est que l’on est des malades mentaux ”

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