Monaco-Matin

Au cinéma aussi il était grand !

Doué pour la comédie, Aznavour a tourné dans 89 films et téléfilms. Il a joué sous la direction de Truffaut, Chabrol ou Mocky. Une deuxième carrière couronnée d’un César d’honneur en 1997

- PHILIPPE DUPUY

Le chanteur a fini par éclipser l’acteur : Aznavour était pourtant très doué, aussi, pour la comédie. C’était d’ailleurs son premier métier et sa passion pour le cinéma ne s’est jamais éteinte. La dernière fois qu’on était allé chez lui, à Mouriès, on l’avait trouvé devant la télévision en train de regarder en vidéo un vieux film de Burt Lancaster.

Il regardait au moins un film par jour

Aznavour partageait avec Johnny le goût pour le cinéma américain. Comme lui, il possédait une imposante collection de dvd et regardait au moins un film par jour. Le petit Charles avait fait ses premiers pas sur les planches à l’âge de 9 ans. Dans les années 30, il enchaîne les rôles d’enfant au Théâtre du Petit Monde. En 1958, alors que sa carrière dans la chanson a déjà bien démarré, il débute au cinéma dans La Tête contre les murs de Georges Franju et fait la rencontre de Jean-Pierre Mocky, avec lequel il tournera Les Dragueurs l’année suivante. Mais c’est François Truffaut qui lance véritablem­ent sa carrière en 1960 avec Tirez sur le pianiste. Lorsqu’on lui demandait lesquels de ses 89 films La montée des marches, lors du Festival de Cannes en , pour le film Ararat.(Photo Patrice Lapoirie)

il préférait, c’est celui-là qu’Aznavour citait en premier : « C’est celui qui m’a le plus servi, y compris pour ma carrière de chanteur, racontait-il facétieuse­ment.

Il m’a ouvert les portes de l’Amérique. La première fois que j’ai fait le Carnegie Hall, il y avait plein de musiciens de jazz dans la salle. Tout le monde s’attendait à ce que je

joue du piano ! ». À force de rediffusio­ns, les téléspecta­teurs français se souviennen­t plutôt d’Un Taxi pour Tobrouk de Denys de la Patellière, dans lequel il incarnait un des bidasses embarqués dans le fameux taxi aux côtés de Lino Ventura. Mais parmi ses films importants, il faut aussi citer Dix petits nègres (1974) et Les Fantômes du Chapelier de Claude Chabrol (1982), où il donnait la réplique à Michel Serrault. Couronné d’un César d’honneur en 1997, son dernier rôle marquant remonte à 2002. Cette année-là Aznavour était venu à Cannes présenter Ararat du Canadien Atom Egoyan, dans lequel il jouait un cinéaste réalisant un film sur l’Arménie. Membre du jury en 1986, il avait également un second rôle dans Le Tambour de Volker Schlondorf­f qui obtint la Palme d’or en 1979. Aznavour avait également monté les marches avec l’équipe du film d’animation Là-Haut, dans lequel il faisait la voix française du héros. Ce fut son dernier rôle au cinéma : « J’ai arrêté parce que ça devenait trop difficile de mémoriser les textes, nous avait-il confié. Sur scène, ce n’est pas pareil, j’ai un prompteur. Mais au cinéma, je ne me vois pas coller des bouts de papiers partout sur le plateau ou utiliser une oreillette comme le font certains ». Toujours le souci du travail bien fait…

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