Monaco-Matin

Janowski «bon patron» mais piètre businessma­n

Le gendre d’Hélène Pastor, accusé d’avoir commandité son assassinat, a connu une journée de répit hier avec des témoignage­s favorables. Mais son sens des affaires reste sujet à caution

- CHRISTOPHE PERRIN chperrin@nicematin.fr

Il en avait dit pis que pendre dans les locaux de la police judiciaire, n’omettant rien des turpitudes de Wojciech Janowski, son patron, allant jusqu’à l’accuser de tricher au backgammon. Mais hier, devant la cour d’assises des Bouches-du-Rhône à Aix-en-Provence, Vincenzo, son chauffeur, est beaucoup plus nuancé : «Il n’aimait pas perdre, même pour une bouteille de grappa… C’était un bon patron. » Costume impeccable, cravate ajustée, Janowski écoute avec un sourire attendri. Il est accusé d’être le commandita­ire du guet-apens du 6 mai 2014 au cours duquel Hélène Pastor et son chauffeur et majordome, Mohamed Darwich, ont été exécutés. « J’ai connu cette famille dans son intimité », poursuit le témoin, encore au service de Sylvia Ratkovski-Pastor. Une traversée sur une Méditerran­ée déchaînée entre la Corse et Monaco avait convaincu le consul de Pologne de s’attacher les services de ce sympathiqu­e marin italien. Il devient vite un homme de confiance et supervise le chantier du Slow III, le yacht de 23 mètres que Janowski a commandé à un constructe­ur napolitain. Le nom de baptême n’est pas le fruit du hasard : c’est l’acronyme de Sylvia, Lara, Olivia et Wojciech.

 million d’euros détournés de l’achat d’un yacht?

Les enquêteurs, sans doute de mauvaises langues, disent que Wojciech Janowski a surévalué le prix réel du bateau pour soutirer 1 million d’euros à Sylvia Ratkovski-Pastor, sa compagne et mère de leur fille. Sur procès-verbal, Vincenzo avait confirmé que la facture réelle s’élevait à 3,9 millions et non à 4,9. Wojciech, après avoir envoyé deux chèques sans provision, avait demandé une rallonge à sa compagne pour de prétendues options. À la barre de la cour d’assises, le marin se défausse : «Ilfaudra demander à Mme Sylvia. » C’est elle qui, après l’incarcérat­ion de Janowski, a mandaté Vincenzo pour confirmer sur place, en Italie, les soupçons des enquêteurs. Vincenzo montre la même réserve sur l’évolution des rapports entre Dauriac, le coach sportif, et Wojciech Janowski. Il les décrivait de plus en plus en plus proches. « De plus en plus complices » ,en avaient déduit les enquêteurs. « On a cherché à noircir le tableau », gronde Me Éric DupondMore­tti. Katrzyna, l’assistante polonaise de Janowski, le qualifie à son tour de « formidable en tant que patron » et ne tarit pas d’éloges sur cet homme « courtois, compréhens­if, très organisé…» Constantin Kulikovski, qui le connaît depuis vingt-cinq ans, s’invite à ce concert de louanges : « Il avait beaucoup d’activités caritative­s. Il aidait les Polonais en détresse, les enfants autistes. »

Un homme d’affaires sans revenus

Les débats, la semaine dernière avaient dévoilé la face sombre de l’accusé. Le matin du onzième jour de procès apparaît comme une bouffée d’oxygène pour la défense. On se dit que l’après-midi consacrée à ses sociétés, Firmus, Hudson oil corporatio­n et Shine, risque d’être davantage à charge pour le commandita­ire présumé. Que le mobile est à rechercher dans cette nébuleuse composée de sociétés aux chiffres d’affaires artificiel­s. Mais les débats s’enlisent. L’accusation insinue qu’il y aurait eu une tentative de manipulati­on du cours des actions d’Hudson oil. L’enquêteur de la police financière monégasque, appelé à la rescousse, reste évasif. Ce qui paraît certain en revanche, c’est l’absence de revenus de Janowski alors que ses sociétés étaient censées exploiter des brevets dans les nanotechno­logies, le graphème ou l’épuration de l’eau. Les avocats des parties civiles (Mes Baudoux, Roubaud et Giancardi) (DR) s’attardent notamment sur Shine, société off-shore basée à Dubai. « Une coquetteri­e », a qualifié un ancien associé de Janowski. L’argent de Sylvia Ratkovski-Pastor transitait sur ce compte avant d’alimenter Firmus. Wojciech Janowski, par fierté, ne voulait pas déposer directemen­t les chèques de sa compagne sur le compte de cette société monégasque.

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Wojciech Janowski, du temps de ses bonnes oeuvres à Monaco, accompagné de Constantin Kulikovski.

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