Monaco-Matin

La patte de «Lulu»

Arrivé cet été après deux saisons à Nice, Lucien Favre réalise un brillant début de saison avec le Borussia Dortmund

- MATHIEU FAURE

Depuis sa formidable fin de match à Leverkusen (menés 2-0 à la pause, les joueurs du BvB se sont finalement imposés 4-2), le Borussia Dortmund est leader de Bundesliga devant le Bayern Munich. Sur le banc du club de la Ruhr, un homme qui officiait encore l’an dernier à l’OGC Nice : Lucien Favre. Le Suisse est arrivé cet été à Dortmund, et le moins que l’on puisse dire, c’est que le mariage est heureux. Au bon endroit, au bon moment ? Peut-être. « Lucien Favre est arrivé dans un club qui a changé beaucoup de choses cet été puisque l’emblématiq­ue capitaine des années 2000 Sébastian Kehl est revenu en tant que responsabl­e de la section des joueurs licenciés et Matthias Sammer, le capitaine de l’équipe vainqueur de la C1 1997, est devenu conseiller externe de l’équipe », avance Ali Farhat, journalist­e à So Foot et spécialist­e de la Bundesliga. Les résultats aidant, Dortmund retrouve le sourire. « Favre a ramené une forme de sérénité au club. On a retrouvé un Borussia qui joue avec panache, ce qui est un peu l’ADN du club », poursuit Jean-Charles Sabattier, la voix du football allemand sur BeIn Sports. Arrivé dans un club qui venait de connaître trois entraîneur­s en deux saisons (Tuchel, Bosz et Stöger), Favre a d’abord pris le temps de stabiliser son équipe. « Alors qu’il a la réputation d’être un technicien innovant, il s’est surtout évertué à stabiliser son équipe, notamment en défense et au milieu. C’est le club qui a le plus dépensé en Allemagne durant le mercato (80 millions) et Favre a mis du temps à trouver la bonne formule, détaille David Fioux, spécialist­e du football allemand pour L’Equipe. Il s’appuie aujourd’hui sur une solide colonne vertébrale Bürki-Akanji-WitselReus et il fait des choix forts comme celui d’écarter Götze, enfant du club et unique buteur de la finale du Mondial 2014, qui n’a plus du tout la tête au football ». Auteur d’un début de saison remarquabl­e (4 victoires et deux nuls en championna­t, une victoire en Coupe d’Allemagne et une victoire en Ligue des champions), le Borussia Dortmund de Lucien Favre fait de nouveau peur. David Fioux : « Il a mis en place un jeu vif, rapide, à base de projection­s et de sprints, c’est l’équipe allemande qui court le plus. Il est en train d’opérer une transition dans l’équipe car il tourne la page des Kagawa, Götze, Piszczek. » Même son de cloche chez Sabattier : « Pour le moment ça fonctionne, il vient d’en passer sept à Nuremberg, c’est une première depuis 32 ans pour le BvB. C’est l’équipe la plus attractive d’Allemagne actuelleme­nt ». Ali Farhat va encore plus loin et s’appuie sur le BvB de Jürgen Klopp (2008-2015) pour mettre en lumière le travail de l’ancien coach du Gym : « Sous Klopp, on disait que c’était un football intense type hard rock, Favre c’est plus du modern jazz, avec beaucoup d’improvisat­ion. Il a un schéma simple : il veut jouer haut, avec des courses et que son équipe contre-attaque avec un style rapide. Il a, pour le moment, su insuffler un nouvel élan et tout le monde a envie d’adhérer à son projet. Mine de rien, il compose avec une équipe qui compte beaucoup de recrues chez les titulaires : Hakimi, Diallo, Witsel, Delaney, Alcacer, et ça marche. » Évidemment, Lucien Favre ne débarque pas en territoire inconnu en Bundesliga puisque «Lulu» avait déjà coaché le Hertha Berlin (20072009) et le Borussia M’gladbach (20112015). En revanche, c’est la première fois qu’il hérite d’un club avec autant de moyens. « C’est une institutio­n avec des grandes ambitions sportives, qualifiée en Ligue des champions et dotée de gros moyens, avance Sabattier. Pour l’instant, il est prudent dans ses déclaratio­ns à la presse, il veut surtout remettre en confiance certains joueurs, c’est sa grande force, réimplique­r tout le monde notamment des garçons comme Dahoud et Weigl. Le symbole de l’arrivée de Favre, c’est Marco Reus. Ils se connaissen­t depuis Mönchengla­dbach, il en a fait son capitaine et l’Allemand marche sur l’eau. C’est la seule équipe allemande encore invaincue toutes compétitio­ns confondues cette saison, ce n’est pas rien » Germe l’idée que Lucien Favre, 60 ans, se retrouve enfin sur le banc d’une équipe ultra-compétitiv­e. « C’est sans doute la première fois de sa carrière qu’il a en main une escouade aussi talentueus­e, poursuit Fahrat. Et il arrive dans des bonnes conditions puisqu’il s’appuie sur trois groupes de joueurs. Ceux qu’il a eus à Gladbach comme Reus et Dahoud, les Suisses (Bürki, Akanji) et les Francophon­es (Diallo, Zagadou, Witsel). Pour son adaptation, c’est très facile du coup. Il a mis en place un jeu offensif exigeant mais ludique, avec des courses vers l’avant. » Et concernant son style verbal ? «Il s’exprime en Allemand mais il distille des mots de Français ici et là, c’est très bizarre et très drôle », conclut Farhat. Une chose est certaine, Monaco ne garde pas spécialeme­nt un bon souvenir de ses visites chez Lucien Favre. Lors des deux saisons du Suisse sur le banc de l’OGC Nice, l’ASM avait perdu à deux reprises à l’Allianz face au Gym, à chaque fois sur le même score : 4-0. Mercredi soir, le Signal Iduna Park et ses 65 000 places attendent déjà les Monégasque­s. Lucien Favre, lui, retrouvera un peu de la Ligue 1 qu’il a fréquentée pendant deux saisons.

L’équipe possible du BvB : Bürki - Hakimi, Akanji, Diallo, Schmelzer - Witsel, Delaney - Pulisic, Reus (cap), Bruun Larsen - Alcacer.

‘‘Le Dortmund de Klopp, c’était du hard rock, celui de Favre, c’est plus du modern jazz ”

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