Jugés pour s’être acharnés sur deux octogénaires à Èze
Trois individus comparaissent devant la cour d’assises des Alpes-Maritimes pour un vol commis en 2015, à Èze. Sauvagement frappée à coups de poing, une octogénaire a perdu l’usage d’un oeil
Èze, une villa cossue du bord de mer. La nuit vient de tomber, il est un peu plus de 20 heures. Nous sommes le 24 octobre 2015. Iris et Jean-Yves se trouvent dans leur salon lorsque deux inconnus font irruption. Vêtus de noir, cagoulés, ils ont repéré et sont là pour voler. Mais vont aussi les frapper. Hier, sur les écrans de la cour d’assises des Alpes-Maritimes, les deux octogénaires revivent leur calvaire devant des jurés et un public tétanisés. Tout a été filmé par le système de vidéosurveillance que Jean-Yves avait fait installer au lendemain d’une première agression. C’était l’année précédente, un soir d’Halloween. À 300 m de sa maison, trois individus déguisés et masqués s’étaient jetés sur lui pour emporter la montre Audemars-Piquet qu’il avait au poignet. Préjudice: 100000 euros. Cette fois, c’est sa chevalière que l’on veut dérober. Une bague héritée de son grandpère et sertie d’un diamant de cinq carats, estimée au bas mot 50000 euros. Les images qui défilent sont glaçantes. L’un des attaquants immobilise l’octogénaire à terre tandis que l’autre se rue sur son épouse, décochant trois coups de poing avant de tenter, par une clé de bras, de venir à bout de ses dernières forces. Il en veut à son alliance et à son solitaire. Mais finit par lâcher prise, sur l’injonction de son complice qui ne veut pas s’attarder. Dépité et furieux, il se venge sur le mari en lui assénant un crochet avec une telle énergie qu’il le renvoie au tapis. Les images sont glaçantes. Les cris aussi. Des hurlements de désespoir qui alerteront un passant et déclencheront les secours. Il faudra deux jours à Iris pour sortir de l’état de choc. D’abord défigurée tant son visage est tuméfié, elle perdra l’usage d’un oeil et ne pourra plus jamais prendre le volant ni même se déplacer sans une canne.
Hafiane s’enferre
Face au couple, depuis hier matin, trois hommes sont assis dans le box des accusés. Franck Dominoni, 49 ans, demeurant à Nice et soupçonné d’avoir commandité le vol, nie toute implication. Paul Ginines, 38 ans, issu de la communauté du voyage et sédentarisé à Saint-Laurent-du-Var, est le seul à reconnaître sa part de responsabilité. C’est lui qui, pendant les faits, a ordonné au complice de cesser de s’acharner sur une victime sans défense. Pendant la diffusion du film, il baisse la tête et se bouche les oreilles. Tandis que le troisième, dans un bâillement, affiche ostensiblement une coupable indifférence puisque, selon lui, il n’a rien fait. Ce troisième homme, c’est Riad Hafiane. Un Tunisien de 46 ans qui a passé plus de (DR) la moitié de sa vie en prison. Devant les enquêteurs, celuici avait reconnu une participation qu’aujourd’hui, il a bien du mal à nier. Retour en arrière. Le 24 octobre 2015, quelques minutes après le martyre qu’ils viennent d’infliger aux octogénaires, les deux « ninjas », selon la formule d’un témoin, enfourchent une moto de grosse cylindrée. Ils grillent un feu et cette infraction va les perdre. Pris en chasse par deux policiers municipaux, ils chutent, se relèvent, tombent une nouvelle fois et abandonnent la moto à proximité de la plage des Marinières, à Villefranche-sur-Mer. Ginines parvient à s’évanouir dans la nature. Il rentrera le lendemain matin, à pied, comme le montre la vidéosurveillance. L’autre fuit en courant. Se sachant pris en tenaille par les deux policiers, il enjambe le parapet et se jette à l’eau. C’est bel et bien Riad Hafiane que les pompiers viendront sauver alors que, à bout de forces et en hypothermie, il est sur le point de se noyer. Pourquoi s’être soustrait aux forces de l’ordre, s’il n’avait rien fait ? «Je venais de commencer mon footing », bégaie Hafiane qui aurait été effrayé : malgré le gyrophare, la voiture bleublanc-rouge et les uniformes, il n’était pas certain d’avoir affaire à de vrais policiers. Verdict demain.