Grasse : les détenus cassent les murs de leurs cellules
C’est le troisième incident de ce type en à peine six mois. L’administration affirme que des travaux ont commencé, ce que réfutent les syndicats. C’est un détenu qui a donné l’alerte
Ce n’est plus une maison d’arrêt, mais un gruyère. Mardi soir, les murs en parpaings du quartier des mineurs de Grasse ont de nouveau été perforés par de jeunes détenus. C’est le troisième incident de ce genre en six mois à Grasse. Ce dernier épisode en date est grand guignolesque. Tout est parti d’un coup de fil émanant d’une cellule. Si les portables circulent à l’évidence sans trop de difficultés dans les prisons françaises, il est plus rare que les détenus s’en servent pour alerter… la gendarmerie. Vers 22 heures, celle de Nice reçoit un appel. Un détenu mineur les informe que certains de ses voisins de cellules viennent de passer dans la sienne après avoir défoncé la cloison. Il indique qu’ils continuent leur progression en cassant les murs...
Une table descellée
L’alerte est transmise à la police nationale niçoise qui elle-même prévient son homologue grassoise. Qui alerte la maison d’arrêt. Quand les surveillants — qui avaient effectué une ronde peu de temps avant — se présentent, ils tombent sur les passe-murailles en pleine action. Ils attaquaient la cinquième cellule, et ne se trouvaient qu’à deux blocs du détenu qu’ils visaient ! L’hypothèse privilégiée est celle d’une tentative de règlement de comptes suite à des insultes échangées entre tôlards. Pour casser le premier mur, ces amateurs d’« open space » carcéral se sont aidés d’une table qu’ils ont au préalable descellée. Leur oeuvre a été accomplie entre deux rondes. En mai dernier, sept murs avaient été abattus de la même manière. Mais, cette fois-là, un détenu avait été tabassé. Ce premier incident avait provoqué un branlebas de combat à l’administration pénitentiaire. L’affaire était remontée à Paris et une enquête interne diligentée. La pénitentiaire ira même jusqu’à sonder les cloisons d’autres prisons ou maisons d’arrêt construites en même temps que Grasse, lors du plan dit «13000» d’Albin Chalandon (1987). La conclusion ? Un problème d’infrastructure «isolé» au quartier des mineurs de Grasse. «Fin juin, Madame Belloubet, la Garde des sceaux en visite à Grasse, affirmait que des travaux de renforcement avaient été effectués. Mais en fait rien n’a été fait », s’insurge Hervé Segaud, délégué régional FO pénitentiaire. En août (lire par ailleurs),
un autre détenu jouera au passe-muraille, mais cette fois au quartier disciplinaire, pourtant censé avoir été sondé par la mission d’enquête. Les détenus concernés par les événements de mardi passeront devant une commission de discipline. Une enquête préliminaire a été ouverte par le parquet de Grasse, confiée au commissariat de la ville.