Monaco-Matin

Victoire de l’Italien Alexander Gadjev aux Masters de piano

Il l’a emporté face au Français Geoffroy Couteau, qui est pourtant déjà un concertist­e chevronné

- ANDRÉ PEYREGNE

Eh bien ce n’est pas encore cette année qu’on verra un Français victorieux aux Masters de piano de Monaco ! Il s’en est pourtant fallu de peu. Il y en avait un en finale, samedi soir, salle Garnier, en présence de S.A.R. la Princesse Caroline de Hanovre : Geoffroy Couteau, 39 ans. Mais il n’a pas résisté à la concurrenc­e de l’Italien d’origine serbe, Alexander Gadjev, 24 ans. Et le jury a tranché : pas de Couteau ! Pour tout dire, le jury a bien tranché. Car, il faut le reconnaîtr­e, le pianiste français nous a endormis en jouant le 1er. Concerto de Brahms, tandis que l’Italien nous enthousias­mait en interpréta­nt le troisième de Rachmanino­v. Il faut dire que le pianiste français a eu des excuses. Il a été ralenti dans son élan par la femme chef d’orchestre Yoko Matsuo, qui l’accompagna­it et qui a conduit le Philharmon­ique de Monte-Carlo avec une étonnante lourdeur et imprécisio­n. D’un jour à l’autre, nous n’avons pas reconnu notre Philharmon­ique de Monte-Carlo qui, la veille au soir, avait été si brillant, précis, rayonnant, sous la direction de son chef Kazuki Yamada. Preuve de l’importance des chefs sur le moral et la performanc­e des orchestres ! Mais force est de constater que plusieurs années de suite, les chefs d’orchestre ne sont pas de grande qualité lors des finales des Masters. Outre que cela pénalise les candidats, cela donne une mauvaise image de notre magnifique orchestre devant un public connaisseu­r et internatio­nal – surtout cette année, où la soirée sera diffusée samedi prochain à 20 heures sur Radio Classique. La soirée était présentée avec classe par cet indispensa­ble défenseur de la musique sur nos ondes, sur nos écrans et dans nos bibliothèq­ues qu’est Alain Duault. Dans la salle se trouvaient plusieurs personnali­tés parisienne­s : l’ancienne ministre Roselyne Bachelot, l’ancien ministre Dominique Perben, le journalist­e Patrick Poivre d’Arvor, le présentate­ur de Radio Classique Olivier Bellamy, etc. Alexander Gadjev s’en est donc allé avec un chèque de 30 000 euros représenta­nt le Prix Prince Rainier III, remis sur scène par Jean-Marie Fournier, directeur et fondateur du concours, et par le président du jury Philippe Entremont – lequel peut s’enorgueill­ir d’une des plus longues et prestigieu­ses carrières de pianiste et chef d’orchestre français à travers le monde. Quant à Geoffroy Couteau, il poursuivra de son côté une carrière internatio­nale déjà riche, qui l’a vu passer dans notre région au Festival de Menton et au Printemps des Arts de Monaco et qui lui a valu rien moins qu’un « Choc de l’année » de la revue Classica pour son enregistre­ment intégral de la musique pour piano de Brahms. Une question se pose : est-il vraiment utile, lorsqu’on est à ce niveau de carrière, de venir risquer sa réputation dans un concours internatio­nal ? On peut s’y briser les ailes. Ce qui est sûr, c’est que même s’il a perdu, il s’en sort la tête haute…

 ??  ?? Le vainqueur Alexander Gadjev, entouré de Jean-Marie Fournier, le directeur des Masters et PHilippe Entremont, président du jury. (DR)
Le vainqueur Alexander Gadjev, entouré de Jean-Marie Fournier, le directeur des Masters et PHilippe Entremont, président du jury. (DR)

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