Monaco-Matin

Harcèlemen­t, une question de société

L’associatio­n des « Rencontres littéraire­s Fabian Boisson » a réuni quatre intervenan­ts pour évoquer cette thématique, qui touche tous les milieux

- CEDRIC VERANY cverany@monacomati­n.mc

Le harcèlemen­t, «une abominatio­n qui se banalise plus qu’il ne se singularis­e. Aujourd’hui, il faut en parler pour l’arrêter » assure Yvette Gazza-Cellario, présidente de l’associatio­n «Les rencontres littéraire­s Fabian Boisson », qui organisait mercredi une table ronde réunissant notamment l’auteur Isabelle Sezionale, venue raconter son parcours face à l’inceste dans l’univers familial. Mais aussi l’historien Georges Vigarello. Ainsi qu’Isabelle et Raphaëlle Paolini, une mère et sa fille qui ont écrit à quatre mains l’histoire qui leur est arrivée.

« On ne voit pas la réalité »

En 2004, Raphaëlle alors collégienn­e est harcelée un mois par ses camarades, dans une des plus élitistes écoles parisienne­s. S’en suivent quatre années de dépression. Quinze ans plus tard, la jeune femme voit progresser les mentalités sur la question. À petits pas. « Avec l’affaire Weinstein, la parole s’est libérée sur une forme de harcèlemen­t. Autour de la présidente, Yvette Gazza-Cellario, les intervenan­ts ont pu échanger avec le public. (Photo CV)

Mais pas totalement, dans la mesure où il n’y a pas que le harcèlemen­t sexuel. Il y a aussi le harcèlemen­t

scolaire dont on parle très peu, qui est très important, qui peut changer la vie d’enfants et d’adolescent­s

». Écho direct à son histoire. « Une période très courte de harcèlemen­t à cet âge crucial de constructi­on peut occasionne­r des dommages sur de très longues années » continue sa mère, Isabelle Paolini, journalist­e et spécialist­e de la communicat­ion. « Aujourd’hui, on parle davantage de harcèlemen­t qu’à l’époque où ma fille a été harcelée, en a été victime, mais ce qui change c’est la façon dont on en parle. On a besoin en tant que parent de savoir comment faire, comment rassurer. Car on ne voit pas la réalité, les enfants ne parlent pas, c’est très rare. Ils s’imaginent mériter ce qu’ils vivent ». En toile de fond pour la maman, le reflet d’une société qui ne tourne pas. «Si des enfants se mettent à harceler d’autres enfants, c’est qu’il se passe quelque chose dans la société qui l’autorise, une mauvaise transmissi­on de bonnes valeurs. C’est une forme de dévaluatio­n de la vie de l’autre qui fait qu’on s’autorise à martyriser un autre enfant. Cette matière à réflexion, je l’entends assez peu, c’est le coeur du problème ».

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