Monaco-Matin

Trop courte, la saison des plages de Beaulieu?

Une habitante s’étonne que les plages ne soient plus nettoyées. Le maire répond écologie et budget. Et s’agace

- ANTOINE LOUCHEZ alouchez@nicematin.fr

En ce début du mois d’octobre, la plage de la baie des Fourmis est désertée. En cause, peut-être le temps grisâtre. Mais surtout, pointe Hana Motlova, les « algues », amenées par la marée et s’accumulant sur la berge. Cette Tchèque résidant et travaillan­t à Beaulieu depuis quatre ans se plaint que cette plage ne soit nettoyée que pour la période estivale : « Ils s’en occupent vraiment pendant trois mois. Mais à Beaulieu, il n’y a pas que les touristes. En juillet et août, il y a beaucoup de monde sur la plage et il fait très chaud. Les habitants pourraient en profiter jusqu’à la fin du mois d’octobre. Regardez ! Pendant dix jours, il va encore faire 23 °C. »

« Cette personne n’y connaît rien ! »

Hana assure que la question se pose, autour d’elle. Récemment, elle avait soulevé le débat sur Facebook et de nombreux commentair­es lui avaient répondu qu’il était important de laisser la nature faire son travail, pour le bien de la plage. « Je ne dis pas qu’il faut la nettoyer toute l’année, ni toute la plage, réagit-elle. Mais une petite partie, du 1er mai au 15 octobre. Parce qu’à partir de mi-septembre, on est dépendants du hasard : au premier coup de mer, c’est fini. Je dois faire 3 km à scooter pour aller à Saint-Jean, alors que j’habite

à Beaulieu. Il y a sûrement une solution. » Au téléphone, le maire bouillonne. « Cette personne s’est manifestée à plusieurs reprises, nous lui avons répondu. Elle n’y connaît rien, elle appelle cela des algues, ce sont les herbiers de posidonie. C’est très important de les garder pour l’érosion des plages. » Roger Roux n’accepte pas que sa politique de nettoyage soit mise en doute. « Je suis très exigeant en la matière et garant des deniers publics, ce sont des budgets engagés. On parle d’un travail de longue haleine, qui commence à la mi-mars, en enlevant la posidonie sur les deux plages (la Petite Afrique et la Baie des Fourmis).

» Dans la facture des opérations allant de mars à septembre, il faut comprendre l’entretien journalier : l’enlèvement de la posidonie, mais aussi leur transport et leur traitement. Ajouter à cela le nivellemen­t et l’engraissag­e de ces plages artificiel­les. Au total, le coût global s’élève à 111 487 euros. Il s’emporte : «On ne peut pas se permettre d’avoir un raisonneme­nt aussi léger ! » Et Roger Roux de prendre un exemple concret : « Si avant-hier, j’avais nettoyé, j’étais bon pour recommence­r aujourd’hui, avec le coup de mer qu’on a eu entretemps. On en aurait eu pour 5 000 ou 6 000 euros. On n’a plus les moyens de faire plaisir à cette dame. ». D’autant plus, avance-t-il, que les coups de mer sont plus fréquents à partir de l’automne.

 ??  ?? Les coups de mer amènent sur la baie des Fourmis la posidonie, une plante aquatique protégée. La mairie cesse de nettoyer à la mi-septembre. (Photos A. L.)
Les coups de mer amènent sur la baie des Fourmis la posidonie, une plante aquatique protégée. La mairie cesse de nettoyer à la mi-septembre. (Photos A. L.)
 ??  ?? Hana Motlova travaille et réside à Beaulieu depuis quatre ans.
Hana Motlova travaille et réside à Beaulieu depuis quatre ans.

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