Monaco-Matin

L’autre prince de Monaco

Formé sur le Rocher, Thierry Henry va s’engager pour trois ans avec l’ASM, le club de ses grands débuts. Premiers buts, premières sélections, premiers titres, premiers souvenirs...

- MATHIEU FAURE

Revenir là où tout a commencé. Monaco, 31 août 1994, Thierry Henry vient d’avoir 17 ans et débute en première division face à l’OGC Nice, le premier de ses 141 matches sur le Rocher (28 buts, 37 passes décisives). Champion de France 1997, Henry connaîtra aussi ses premières sélections avec les Bleus en portant le maillot de l’ASM la même année. Six mois plus tard, il est sacré champion du monde et piaffe d’impatience d’aller se frotter au plus haut niveau. D’abord super remplaçant d’une attaque 5 étoiles (Madar, Anderson, Ikpeba), le natif des Ulis impression­ne rapidement. A commencer par Patrick Blondeau, son coéquipier sur le Rocher entre 1993 et 1997 : « Il y a des gens que tu croises dans ta vie et qui te marquent, Thierry en fait partie. Quand il arrive dans le groupe profession­nel, je fais partie des tauliers, alors il est là, avec Trezeguet, et on les voit s’entraîner. Il a tout, il va vite, il est grand, poli, adroit. Tu étais obligé de le faire jouer. Il avait tout pour réussir, c’est d’ailleurs pour ça qu’il s’est vite intégré à l’équipe première », se souvient l’ancien latéral.

« Quand il rentrait, il mettait le feu...»

« Jeune, il avait déjà ce charisme, il savait mettre la barrière entre les tentations et sa vie profession­nelle, poursuit Blondeau. A Monaco, jeune, tu peux être tenté, lui ne l’a jamais été parce qu’il savait où il voulait aller. C’était quelqu’un sûr de lui, réfléchi, bien entouré. Mais aussi de fidèle. Quand il évoluait à Arsenal, je jouais à Watford et on se partageait les terrains d’entraîneme­nt. On s’est donc croisé plusieurs fois et il n’a rien oublié du grand frère que j’étais à Monaco. » Sur le Rocher, on se souvient surtout d’un garçon « respectueu­x, à l’écoute, qui ne se prenait pas la tête tout en étant sûr de lui », rembobine Mickaël Madar, joueur de l’ASM entre 1994 et 1996. « Gamin bien éduqué, bien élevé, au-dessus physiqueme­nt et techniquem­ent, se souvient Christophe Pignol, défenseur asémiste entre 1997 et 2000. Jeune, il avait déjà beaucoup de charisme,

une certaine aura. Et, à l’instar de Kylian Mbappé, il était préparé dans sa tête à réussir, programmé quelque part à être un champion.» Un mental en acier mais surtout un joueur fabuleux. « Il avait des qualités de vitesse tout en étant très technique pour son gabarit et adroit devant le but. Clairement, il était au-dessus du lot. C’était surtout un profil unique, moderne presque. En France, il n’y avait personne comme lui à cette époque. Au départ, c’était surtout un joker de luxe, il mettait le feu quand il rentrait. Je me souviens d’un match à Lyon où on fait match nul (3-3, 27 avril 1996). Henry rentre, mange Jean-Luc Sassus et me donne un bonbon dans la surface et moi j’envoie au-dessus. Je bouffe la feuille...», conclut Madar.

« Les gens ont une image faussée de lui »

Au-delà du joueur, ses anciens coéquipier­s se souviennen­t surtout d’un homme en or. Pignol : « Les gens ont une image faussée de lui, on le dit

arrogant mais ce n’est pas le cas. Quand je suis gravement tombé malade (Leucémie), on s’était perdu de vue depuis un moment et pourtant il a tenu à me faire passer un message sur mon lit d’hôpital alors qu’il brillait à Arsenal. J’avais été très touché. C’est un grand champion mais c’est surtout un amoureux. Thierry, on a tendance à l’oublier mais c’est un vrai passionné de ballon, il connaît tout, c’est un mordu et on ne réussit pas dans le football si on ne l’aime pas vraiment ».

« Il sait où il met les pieds »

Charismati­que, droit, déterminé, Thierry Henry cultive les mêmes qualités humaines depuis ses débuts sur le Rocher. Blondeau encore : « Avec lui, tout se passe en un regard. Il est intelligen­t, humainemen­t il a toutes les qualités nécessaire­s pour faire un grand entraîneur. Tu le vois encore aujourd’hui, lors de France-Belgique au dernier Mondial, qui est forcément un match à part pour lui, il a su rester à sa place. L’AS Monaco

a besoin d’un entraîneur comme ça. Il me fait penser à Arsène Wenger, la même sagesse, le même calme, la même vision du football. Et puis Thierry connaît Monaco, le Palais, les familles qui comptent. Les Grimaldi, Pastor, Campora, ce sont des familles qui sont sur le Rocher depuis une éternité, il aura donc des appuis. C’est un avantage incroyable de bien connaître là où il va mettre les pieds. Monaco, ce n’est pas comme ailleurs. » Le slogan « Like nowhere else » de l’AS Monaco n’a jamais aussi bien porté son nom à l’heure de retrouver l’un de ses plus illustres protégés.

 ?? (Photos Jean-François Ottonello et AFP) ?? Thierry Henry au Louis-II lors du match face à l’Atlético Madrid le mois dernier mais également en  lors du titre de champion de France.
(Photos Jean-François Ottonello et AFP) Thierry Henry au Louis-II lors du match face à l’Atlético Madrid le mois dernier mais également en  lors du titre de champion de France.

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