FOOTBALL Vieira raconte Henry
Henry en Angleterre, Henry en Espagne, Henry en Amérique, Henry en Equipe de France... Cette semaine, nous allons vous conter les vies du nouvel entraîneur de l’AS Monaco. Champion du monde, star planétaire du ballon rond. Avec des buts, beaucoup de buts. Direction Londres aujourd’hui, avant Barcelone demain. De Highbury à l’Emirates où il a sa statue en bronze, “Titi” a laissé une trace indélébile. La trace des très grands.
En 1994, Arsène Wenger lançait le jeune Thierry Henry sur une pelouse de L1. A Monaco, contre Nice. Cinq ans plus tard, après s’être exilé au Japon, c’est sur une pelouse anglaise, celle d’Arsenal, que le coach dévoilait le joyau bleu. Celui qui allait devenir le plus Anglais des Français avec Éric Cantona. Mais ça, le Royaume-Uni l’ignorait encore. Au même titre qu’il se demandait qui était ce Arsène Wenger débarqué en provenance du Japon en 1996 (“Arsène Who ?”). «Les gens ne comprenaient pas pourquoi Arsène avait recruté un joueur qui ne jouait pas à la Juventus, se souvient Gilles Grimandi, recruteur pour les Gunners, qui a également porté les maillots de l’ASM et Arsenal aux côtés de Thierry Henry. Mais Arsène avait fait ses preuves et le public faisait donc confiance. Et puis il y avait eu Nicolas Anelka qui était passé juste avant et que personne ne connaissait non plus ». “Titi” et les Frenchies d’Arsenal
se chargeaient très vite de remettre tout le monde d’accord. Et c’est toute la Premier league qui se retrouvait balayée par un vent de fraîcheur irrésistible. Jusqu’à cette année 2003-2004 où les Gunners, portés par un très grand Henry, réalisaient l’incroyable exploit de ne perdre aucun match de championnat. Ils devenaient The Invincibles pour l’éternité, et le gamin des Ulis formé à Monaco recevait la couronne de roi d’Angleterre. Le cauchemar des défenseurs avec un enroulé pied droit qui traumatisait tous les gardiens de but du pays. Le collectif d’une équipe, au service de la vitesse et justesse d’Henry, a fait d’Arsenal dans les années 2000 l’une des équipes les plus ‘’sexy’’ d’Europe. « Ce qui était impressionnant, c’était qu’on était capable de jouer tous les footballs, nous confiait Emmanuel Petit qui a partagé la vie d’Henry sur un terrain à Monaco et Arsenal. S’il fallait mettre des coups pour gagner sur une pelouse catastrophique où on se faisait découper, on savait faire. Et dès qu’il fallait jouer au ballon et mettre de la vitesse pour l’emporter, on avait les qualités avec Henry aussi ». Monsieur “plus”. A ses côtés, Dennis Bergkamp. « Il l’a beaucoup observé pour apprendre de lui, poursuivait Petit, cette fois dans L’Equipe Magazine. Il décortiquait ses gestes et s’inspirait de sa malice ». Une intelligence au-dessus de la moyenne qui lui permettait de réaliser des coups de génie que personne ne pouvait voir venir. A l’image de cette frappe soudaine de 30 mètres après un contrôle dos au but contre Manchester United en 2000. Fabien Barthez, cloué au sol, ne pouvait que l’accompagner du regard. Julien Laurens (journaliste pour BT Sport, Espn, Le Parisien, basé à Londres depuis quinze ans) se souvient très bien de cette période faste. « J’ai suivi Arsenal l’année des Invincibles. Le leader, même s’il n’avait pas le brassard, c’était Thierry Henry. C’était son équipe, son club… Highbury (le stade d’Arsenal jusqu’en 2006) était son jardin. Il a une aura, du charisme ». Le charisme justement, la classe, c’est en Angleterre que le Prince du Rocher l’a fait grandir. Décupler. « A Monaco, quand il marquait un but, il courait d’un poteau de corner à l’autre derrière la cage, porté par sa joie incontrôlable», se souvient un proche du joueur. En Angleterre, chacune de ses célébrations dégageait une puissance et une confiance en soi hors normes. Son menton haut vers les tribunes, ou sa glissade à genoux (sa statue en bronze sur le parvis de l’Emirates Stadium l’immortalise dans cette position) sont entrés dans la légende. « C’est un mec hors du commun qui a toujours été mystérieux également, poursuit Laurens. A l’époque d’Arsenal, c’était lui le taulier, le boss, les gamins qu’étaient Fabregas, Clichy ou encore Bentdner le respectaient énormément.» Henry à Arsenal c’est deux titres de champion d’Angleterre et quatre coupes. Sans oublier un retour mémorable cinq ans après avoir quitté les Gunners, pour deux buts supplémentaires. Henry outre-manche, c’est 228 buts en 377 matches. Une machine.
Highbury était son jardin ”